Pays de la Loire
Quinze sifflets de la collection du MuCEM viennent de la région Pays de la Loire. Ils proviennent tous de la Sarthe et constituent un des ensembles les plus importants de la collection pour la France avec ceux d’Alsace, du Centre et de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Ce nombre élevé s’explique aisément car la production de sifflets s’est poursuivie à Prévelles (Sarthe) jusqu’au milieu du xxe siècle. Cette région a sans doute été celle où le plus grand nombre de sifflets ont été fabriqués et commercialisés en France à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle. On les retrouve ainsi dans la plupart des musées européens. À Bruxelles, au musée des Instruments de musique, ils ont été collectés dans les Vosges. À Liège, au musée de la Vie wallonne, ils sont présentés comme venant d’Arras (Pas-de-Calais) et au Musik Teater Museet de Stockholm, ils sont attribués à Paris. Le plus ancien sifflet de la collection du MuCEM vient de cette région bien qu’il ait été collecté en 1885 par Paul Sébillot en Bretagne.
L’histoire
La découverte d’un sifflet gallo-romain en terre cuite est signalée en Mayenne. Entré dans les collections du musée d’Archéologie de Laval en 1905, il a été trouvé « à l’est de la route de Montsûrs à la Chapelle-Rainsouin, 500 mètres environ avant le bourg de la Chapelle, dans la haie d’un champ, à la surface duquel on rencontre de nombreux débris de briques1 ». Sa découverte est sujette à caution quant à la datation, comme toute découverte de surface. Cependant, il s’agissait sans aucun doute d’un sifflet ancien, nul ne pouvant le confondre, dans cette région, avec un sifflet récent.
Nous n’avons pas trouvé trace de découvertes médiévales tandis que les sifflets de l’époque moderne y sont très répandus, mais la fabrication de sifflets dans la région dès le Moyen Âge est probable.
Les lieux de production
Si la collection du MuCEM ne comporte que des objets de la Sarthe pour la région Pays de la Loire, d’autres centres potiers de Loire-Atlantique et de Mayenne ont également produit des sifflets.
Herbignac (Loire-Atlantique)
Le centre potier d’Herbignac est rattaché traditionnellement aux centres céramiques bretons. C’est un des rares centres en cette province où la production est connue, la fabrication sarthoise ayant remplacé depuis longtemps les productions locales de sifflets. La poterie remonte au Moyen Âge et est encore importante à la fin du xixe siècle. Comme dans d’innombrables centres potiers, elle ne résiste pas aux changements de mode de vie que connait la France au xxe siècle et le dernier four s’éteint en 19452.
Les sifflets (ill. 1) sont en forme d’oiseau3 et couverts de la glaçure jaune-vert qu’on retrouve sur les autres poteries caractéristiques de ce centre : platines et terres à repasser.
Thévalle (Mayenne)
La poterie en Mayenne fut très importante au Moyen Âge et au xvie siècle. Sans doute concurrencée par les régions voisines (grès de Normandie et terres vernissées du Perche), elle décline ensuite peu à peu et les derniers fours, limités à une production de briques et de chaufferettes, s’éteignent au début du xxe siècle à Thévalle. Les potiers de ce centre y réalisaient encore à cette époque des sifflets4.
À coté de ces petits centres, c’est bien sûr l’abondante production de sifflets dans la Sarthe qui retient l’attention dans cette région.
Le Maine
On y compte de nombreux villages potiers tels que Prévelles, Aulaines, Connerré ou encore Bonnétable où était installée, notamment, une branche de la famille Lapoutoire, originaire de Prévelles. Ces villages sarthois produisaient des sifflets en terre blanche, partiellement vernissée, en forme d’oiseau ou de cruche dont les modèles sont très standardisés.
Il est difficile de distinguer, sur une aussi longue époque, l’origine exacte de quatre pièces de la collection du MuCEM dont la forme se rapproche de celles produites dans ces centres.
La collection du MuCEM comporte également une série de quatre sifflets zoomorphes en grès attribués à Malicorne.
Les formes
À Herbignac, seuls sont actuellement connus des sifflets en forme d’oiseau ou de poule tournés sur pied (ill. 1).
Dans la Sarthe, les formes des sifflets sont assez limitées en dehors des modèles en grès produits à Malicorne ou des sifflets variés destinés au tourisme fabriqués par Pouplard dans cette même ville.
On y retrouve surtout le sifflet en forme d’oiseau tourné sur pied qui peut être à eau ou globulaire. Selon les cas, il prend la désignation de caille, coucou ou rossignol.
Absents de la collection du MuCEM, les petits sifflets rapidement modelés en forme d’oiseau (ill. 2) étaient sans doute nombreux mais leur petite taille (la hauteur est de 3 à 4 cm environ) et leur peu de valeur ne les destinaient pas à être conservés.
Enfin, comme dans toutes les régions françaises, on retrouve les sifflets à eau en forme de cruche. Ils prennent ici la forme d’une cruche haute, à une anse supérieure placée en travers du col, la buire, dont ils tirent leur nom buire ou buis.
Malgré ces formes limitées, on reconnait la production de chaque potier dans la façon dont il étire la tête de l’oiseau ou forme le piédouche.
La vente : spécialité des turlotiers
Les productions de sifflets étaient vouées à des lieux de vente très différents : celle des petits centres traditionnels d’Herbignac ou de Mayenne était destinée au marché local tandis que celle des poteries spécialisées de la Sarthe était vendue sur des marchés souvent très éloignés.
À Herbignac, J. Jabour signale des « poteries à musique qui servaient à accompagner les chanteurs du jour de mai5 ». On trouve aussi dans ce village une production de « trompettes » et de « cors de chasse » en poterie. Sans doute tous ces instruments participaient-ils aux fêtes du printemps qu’on retrouve aussi dans de nombreuses autres régions.
Dans la Sarthe, on peut penser qu’à l’origine, à l’image de ce qui se faisait ailleurs en France, la production de sifflets des centres potiers autour de Prévelles a pu être liée à des fêtes locales. Aucun témoignage ne nous en est parvenu mais la présence de petits sifflets globulaires en forme d’oiseau est souvent liée dans d’autres localités, en France et en Europe, aux pèlerinages ou « jours du sifflet ».
Cependant, la production de sifflets en Sarthe est destinée depuis longtemps à la vente pour des marchés souvent très éloignés des marchés locaux. Comme ailleurs, la production des turlots, tel est le nom donné à ces sifflets en terre cuite, est associée à celle des « ménageons », ces petites poteries miniatures destinées aux enfants. Cette fabrication est assez importante pour que certains de ces potiers soient désignés sous le nom de potiers-turlotiers ou bimblotiers-turlotiers (les bimblotiers produisent les jouets).
Ces sifflets aviformes se retrouvent également sur certains objets fabriqués à Ligron du xviiie siècle jusqu’au début du xixe siècle, les cochelins. Ces petites coupes aux parois souvent ajourées servaient à faire la quête auprès des invités pour les mariés. La présence d’un ou plusieurs oiseaux siffleurs sur les couvercles était sans doute un symbole de la fertilité qu’on souhaitait au couple. Le nom de cochelin viendrait d’ailleurs de « petit coq », les gallinacés étant un symbole de fécondité. Ce type d’objet est à rapprocher des soupières de mariage ornées d’un bouton de couvercle en forme d’oiseau siffleur produites dans le Berry.
Si on ne possède pas d’indication écrite sur la vente de sifflets par la famille Lapoutoire à Prévelles avant la fin du xixe siècle, le fait que cette famille se soit spécialisée depuis au moins le xviiie siècle dans cette production suppose un réseau de commercialisation hors de la zone de vente locale. La découverte en fouille d’un sifflet semblable aux « turlots » de Prévelles dans la cour Napoléon du Louvre et daté de la deuxième moitié du xviiie siècle pourrait en être un témoignage.
Cette diffusion est présentée plus en détail avec la production de Prévelles.
Aulaines
La production de sifflets dans ce village est connue au xixe siècle6. Le potier Frédéric Dru (né en 1869) tenait une poterie importante, car il possédait deux ateliers et employa jusqu’à douze ouvriers. Parmi ceux-ci, un ouvrier fabriquait à plein temps les turlots et les œufs à couver. Frédéric Dru les vendait ensuite à Conneré, à Fouilletourte et à Malicorne. Les catalogues de certaines des fabriques de ces localités qui s’approvisionnaient aussi à Prévelles représentent ainsi les mêmes objets, produits hors de leurs ateliers.
Frédéric Dru avait repris en 1892 l’atelier de sa belle-mère (de la famille Beauté) dont le premier potier était venu de Prévelles en 1867. Il n’est donc pas surprenant de trouver des fabrications similaires dans ces deux centres.
M. Angot-Gautier succède à Frédéric Dru en 1919. Il essaye de moderniser cet atelier mais cesse sa production en 1932. C’est grâce à un prospectus de vente (ill. 3) qu’on peut sans doute attribuer le sifflet du MuCEM à Aulaines. On note en effet que les têtes des oiseaux dessinés sont assez grandes et anguleuses à la différence des sifflets plus répandus de Prévelles. Il est probable que M. Angot-Gautier a continué à employer le même ouvrier que Frédéric Dru.
Connerré
C’est le chemin de fer qui va permettre à la poterie de se développer à Connerré dans la deuxième moitié du xixe siècle7. Bien des potiers qui s’y installent sont originaires de Prévelles et les sifflets font partie de leur production habituelle. Ainsi Victor-Edouard Aubin (né en 1857) qui travailla jusqu’au début du xxe siècle à Connerré fabriquait des coucous en terre cuite avec la tête vernissée. Ayant été bimblotier (fabricant de petits jouets et sifflets) à Prévelles, on se doute que ces sifflets devaient être semblables à ceux de cette localité.
La Maison Guilmet, autre fabricant de sifflets de Connerré, ouvre au début du xxe siècle une fabrique qui emploiera jusqu’à vingt-cinq ouvriers. À l’origine, les Guilmet sont des marchands de poterie. Un ouvrier est dédié à la fabrication des sifflets et ménageons mais les Guilmet achètent aussi une partie de la production des fabricants de Prévelles et d’Aulaines.
Les sifflets de Connerré sont si semblables à ceux de Prévelles que cela entrainera un conflit avec Émile Lapoutoire, potier de ce dernier village. Un accord sera conclu : la fabrique de Connerré se limitera désormais au vert pour décorer ses objets. Distinguer les sifflets de ces deux villages est souvent difficile. Quelques détails peuvent parfois le permettre. L’émail utilisé à Connerré est de meilleure qualité que celui de Prévelles, fabriqué artisanalement. De plus, les têtes des oiseaux sont dressées vers le haut.
On retrouve ces caractéristiques sur le sifflet du MuCEM dont l’identification ne fait guère de doute.
La production s’arrêtera à la guerre de 1939-1945. Seule une production d’œufs à couver sera maintenue jusqu’aux années 1950, et longtemps après des paniers remplis de ces ménageons pouvaient encore se rencontrer dans les épiceries des campagnes.
Malicorne (Sarthe)
Malicorne est un des principaux centres de la Sarthe pour la céramique, les terres vernissées, la faïence et le grès. La collection du MuCEM comporte quatre sifflets attribués à ce centre. Ces sifflets sont très différents des autres sifflets sarthois. Il ne s’agit pas de sifflets à eau ou de sifflets globulaires en forme d’oiseau ou même de cruche, mais de petites figurines animalières moulées. Le potier a réalisé, près d’une des arêtes de l’objet, deux petits trous formant le trou d’insufflation et la fenêtre du sifflet.
Ces objets ne sont pas l’œuvre des fabricants professionnels de sifflets en terre vernissée de la région. Ils démontrent une grande maîtrise dans le moulage et la cuisson de ces petits objets de grès vernissés au sel. On connait peu la production de grès à Malicorne, qui est souvent confondue avec celles des centres plus spécialisés dans cette production comme le Beauvaisis, la Puisaye, la Normandie ou le Berry. Ce n’est qu’au milieu du xixe siècle que les potiers de Malicorne vont trouver les mélanges d’argile adaptés et réaliser les fours supportant les fortes températures nécessaires à la cuisson du grès. Beaucoup des tourneurs viendront de Puisaye, grande région du grès en France, pour apporter leur savoir-faire.
La production de grès a été abondante à Malicorne. Ainsi la Poterie de l’Union utilisera jusqu’à quinze tours. Les ventes se font dans le département mais aussi en Bretagne8. Les catalogues de vente des fabricants de Malicorne présentent surtout une poterie usuelle – pichets, pots, etc. – et n’offrent pas de sifflets, mais cette production n’était peut-être vendue que localement.
Il est aussi possible que les sifflets de la collection du MuCEM viennent de Cerrans-Fouilletourte, autre centre sarthois renommé où la production de grès était parfois ornée de motifs animaliers moulés, d’une grande finesse. Un ancien potier de ce dernier centre réalisait, après 1911, des petits jouets9. Peut-être est-il l’auteur de ces objets fabriqués en très faible quantité sans doute pendant une courte période ?
D’autres formes existent : lion (ill. 4), âne, chat, singe, poule, etc. Certains de ces objets comme le sifflet 1956.126.165 peuvent également être rapprochés de tirelires en grès de même forme mais de taille supérieure (ill. 5).
Malicorne est aussi un grand centre faïencier, connu grâce à la manufacture du Plat d’Étain. Cette manufacture, fondée au xviiie siècle, fermera en 1952. Les sifflets de faïence produits à Malicorne correspondent à la période où cette faïencerie était possédée par Léon Pouplard qui avait épousé Marie-Angèle Béatrix, héritière de cette manufacture. La production de faïence y était très abondante et la décoration variée s’inspirait de nombreux autres centres : Rouen, Nevers, Desvres et bien sûr Quimper. Ce dernier point donnera lieu à un célèbre contentieux avec le fabriquant Porquier de Quimper car Léon Pouplard signait PB (pour Pouplard Beatrix) comme Porquier (pour Porquier Beau).
Parmi cette abondante production d’objets d’une extrême diversité, Léon Pouplard a réalisé beaucoup de petits sifflets au décor breton destinés aux stations balnéaires de la côte atlantique (ill. 6)10. À coté de ces sifflets « touristiques », de très beaux sifflets de grande taille en forme d’oiseaux sont aussi sortis de son atelier (ill. 7).
Prévelles
Le centre potier de Prévelles pourrait ressembler aux nombreux autres centres villageois de la Sarthe mais deux productions l’ont rendu célèbre. D’une part, Louis-Léopold Thuilant (1862-1916), potier du village, y a produit des pichets décorés de scènes de la vie villageoise qui font partie des plus beaux exemples de l’art populaire. D’autre part, le village est célèbre pour ses sifflets, qui ont été vendus dans une grande partie de la France.
La fabrication des sifflets est liée à la famille Lapoutoire11. Cette famille étant présente à Prévelles depuis le xvie siècle, rien ne permet de savoir quand elle s’est spécialisée dans la fabrique des bibelots, les jouets pour enfants (d’où l’appellation de bimblotier) et surtout dans celle des turlots, les sifflets en forme d’oiseau.
En 1833, Pierre Lapoutoire (1805-1866) est déjà déclaré comme « marchand de petits sifflets » dans plusieurs actes d’état-civil. On peut noter que dès le xviie siècle, la famille Lapoutoire était liée à des familles de notables et qu’elle n’avait que peu de liens avec les autres familles de potiers du village. En 1642, François Lapoutoire, potier, est inhumé dans l’église, témoignage d’une position sociale reconnue. Si les autres potiers sont installés dans les hameaux autour du bourg, son petit-fils François, décédé en 1795, s’installe dans le bourg et l’inventaire après décès dénote une certaine aisance. Dans les générations suivantes, le fils aîné reprend rarement la poterie et il est le plus souvent déclaré marchand ou propriétaire tandis que le puîné reprend l’atelier.
Ces schémas peu classiques dans les familles de potiers pourraient laisser penser que leur production est déjà très rentable. Leur spécialisation dans le commerce des jouets pourrait sans doute remonter au xviiie siècle. On sait en revanche que depuis Pierre Lapoutoire, c’est-à-dire au début du xixe siècle, la production de sifflets et de ménageons est la spécialité de la famille, et ce jusqu’en 1952 au décès de Ludovic Barbé.
Ce sont naturellement les deux derniers maillons de cette dynastie qui sont les mieux connus et les sifflets de la collection du MuCEM sont sans doute sortis de leurs mains. Seules les dates d’acquisition permettent de privilégier un de ces deux potiers car rien ne distingue généralement les sifflets de Ludovic Barbé (1872-1952) de ceux de son oncle Eugène Lapoutoire (1844-1914) fils de Pierre.
Ludovic avait appris le métier dès l’âge de quatorze ans chez son oncle, qui n’avait pas d’héritier, et auquel il racheta l’atelier en 1896. Cet atelier existe toujours, ainsi que les tours de travail et de finition, et le four (ill. 8). La maison abrite aujourd’hui le musée du village.
Ludovic Barbé pouvait tourner prés de mille pièces par jour. Après séchage, il appliquait sur la tête une glaçure fabriquée artisanalement à base de minium ou d’oxyde de cuivre donnant une couleur jaune-marron ou une couleur d’un vert peu brillant. Cependant, les glaçures jaunes et vertes retrouvées sur les tessons anciens à proximité du four sont de meilleure qualité. Ces découvertes prouvent que les glaçures anciennes étaient des glaçures traditionnelles au plomb. Il fallait ensuite enfourner les sifflets puis recouvrir le four de tessons. La cuisson pouvait alors commencer. Six mille pièces étaient cuites à la fois pendant un jour. Suivait une demi-journée à basse température pour finir le séchage. Après refroidissement, les pièces étaient sorties et chaque sifflet était essayé avant d’être emballé. Les sifflets étaient ensuite mis dans des bourriches qu’il fallait porter sur une brouette à la gare de Prévelles.
Grâce aux livres de comptes soigneusement tenus à partir de 1872 par Eugène Lapoutoire puis Ludovic Barbé, on connaît la destination de ces sifflets depuis la fin du xixe siècle. À cette époque, la fabrication d’Eugène Lapoutoire était surtout destinée à la Bretagne (31 %), au Nord (33 %) et à la région parisienne, mais il ne faut pas être surpris de retrouver ces sifflets dans les musées du Sud-Ouest et même du Midi car ils étaient aussi expédiés à Toulouse, Bordeaux ou Béziers. La production était aussi vendue dans la région à d’autres marchands, parfois eux-mêmes potiers à Connerré ou Bonnétable. Après 1902, Ludovic Barbé ajoute à ces régions la Bourgogne, la Normandie et le Lyonnais12.
Un prospectus présentait sa production (ill. 9). Après 1925, ses ventes sont surtout assurées par des représentants. Les grands magasins devinrent ses clients. Les Galeries Modernes, les Galeries Parisiennes, les Magasins Réunis ou la Ruche Picarde ventilaient ensuite sa production dans leurs succursales de province.
Les sifflets de Prévelles se retrouvent ainsi sur les prospectus de vente d’autres manufactures de céramique de régions éloignées, ce qui porte souvent à confusion pour leur attribution.
En dehors des modèles illustrés de son catalogue, Ludovic Barbé faisait aussi, comme son oncle, des sifflets-tirelires et produisait de simples sifflets tubulaires plats de 5 cm de long, 1,5 cm de large et environ 0,8 cm d’épaisseur13.
Après guerre, la demande va chuter. Il continuera pourtant jusqu’à sa mort à produire des coucous et des œufs à couver, laissant une dernière tournée de coucous non cuite.
Pour conclure, les sifflets de Prevelles ont été les plus répandus en France au moment où cette production déclinait dans le reste du pays. On peut se poser la question : cette production « bon marché » a-t-elle entraîné le déclin des productions locales des autres régions ou bien a-t-elle connu un tel succès car elle remplaçait des productions déclinantes ou déjà éteintes ?
1 Daniel (?) Œhlert, « Présentation d'objets entrés dans les collections du musée d'Archéologie de Laval », Bulletin de la commssion historique et archéologique de la Mayenne, t. 21, Laval, 1905, p. 382.
2 Joseph Labour, La Céramique bretonne, Le Puy-en-Velais, Christine Bonneton, 1980, p. 105.
3 Un tel sifflet est dessiné dans Fernand Gueriff, Les Potiers d’Herbignac, La Baule, Éd. des Paludiers, 1973.
4 Jacques Naveau, La Mayenne au fil du temps. L’archéologie et le photographe, Laval, Siloë, 1999, p. 151.
5 Joseph Labour, op. cit., p. 106.
6 Lucette Combes-Mésière et Gil Galbrun-Chouteau, Potiers et faïenciers de la Sarthe, Le Mans, Éd. de la Reinette, 2002, p. 35.
7 Ibid., p. 169-175.
8 Ibid., p. 309-312.
9 Victor Chauveau a travaillé à Cerrans-Fouilletourte jusqu’en 1911, puis un an à Malicorne, avant de terminer sa carrière à Guécélard. Libéré des obligations matérielles, il a réalisé pour lui-même de petits jouets ainsi que des pièces « de forme » telles que casquettes, sabots, gendarmes, pots à tabacs... Lucette Combes-Mésière et Gil Galbrun-Chouteau, op. cit., p. 141.
10 La distribution de ces souvenirs était réalisée par des magasins dépositaires. Alain Champion et Gilles Kervella, Léon Pouplard (PBx). Faïencier à Malicorne, Le Mans, Éd. de la Reinette, 2002, p. 141-145.
11 L’étude sur la famille Lapoutoire de Lucette Combes-Mésière (Voir Lucette Combes-Mésière et Gil Galbrun-Chouteau, op. cit., p. 404-406 et 443-447), a été complétée par l’auteur par des recherches dans les actes paroissiaux de Prévelles.
12 Philippe Durand, Céramiques du Maine, Le Mans, Éd. Cénomane, 1986, p. 85.
13 Daniel Guillard, Ludovic Barbé. Dernier turlotier-bimbelotier du Maine, 2e éd., LaFerté-Bernard, 2002, p. 36.
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2014