Quelques éléments sur l’histoire des sifflets en terre cuite

Introduction

Avant de prétendre éclairer quelques pans de l’histoire des sifflets, il convient de citer Paul Valéry qui nous rappelle dans Variations sur la céramique illustrée :

« J’écrivais tout à l’heure que cette montre de Céramique nous ranimait tout un passé. Davantage : elle nous manifeste avec précision la nature même de tout passé. Le passé n’est point ce qu’on croit. Le passé n’est point ce qui fut ; il n’est que ce qui subsiste de ce qui fut. Vestiges et souvenirs. Le reste n’a nulle existence.

Regardez bien tous ces objets dans le Musée, et songez à présent aux étonnantes quantités de pareils objets qui furent nécessairement en usage ; songez aux millions d’assiettes, de plats et de tasses qui durent être faits et utilisés pendant la période ici représentée ; songez alors à l’action sur ce nombre immense de pièces, de toutes les causes imaginables de destruction, aux tonnes de tessons, aux montagnes de débris qui sont le complément de ce qui subsiste ; songez à la mortalité des choses fragiles, à la durée probable d’une soucoupe ou d’un saladier...

[...] Rien ne ressemble plus à notre capital actuel de connaissances, à notre Avoir en matière d’histoire, que cette collection d’objets accidentellement préservés. Tout notre savoir est, comme elle, un résidu. Nos documents sont des épaves qu’une époque abandonne à une autre, au hasard et en désordre. »1.

Ce texte doit être médité avant toute tentative de réflexion relative à l’histoire d’un objet. Dans le cas des sifflets en terre cuite, jouets éphémères dans les mains peu soigneuses des enfants, « ce qui subsiste de ce qui fut » est tout particulièrement parcellaire.

De plus, dans l’étude des sifflets trouvés grâce aux fouilles archéologiques, les raisons de leur préservation accidentelle est un élément important pour ne pas tirer de conclusion erronée des ensembles conservés. De même, les objets donnés aux musées ne sont pas seulement représentatifs de la production. Ils ont toujours subi le filtre de leur donateur suivant des critères tout à fait subjectifs, même dans le cas de l'enquête ethnologique.

C’est avec réserve que nous donnons ici quelques éléments concernant l'histoire des sifflets en terre cuite en Europe. Les conclusions auxquelles nous arriverons ne se veulent pas définitives. Il est à souhaiter, au contraire, qu'elles permettent un pas de plus dans la recherche d’un passé pour lequel Paul Valéry nous rappelle la vanité d’espérer connaître « ce qui fut ».

I. Les recherches antérieures

Instrument de musique, objet de céramique et témoignage de la culture populaire, le sifflet en terre cuite a intéressé les chercheurs dès le xixe siècle. Malheureusement, cet intérêt n’a débouché que sur très peu d’études.

Les pionniers

Le xixe siècle voit la réunion de grandes collections de musées ou de particuliers. Le sifflet aurait pu trouver sa place dans celles de céramiques ou d’instruments de musique mais la modestie de cet objet l’a destiné à rester le plus souvent absent de ces ensembles.

Même quand il s’agit de traiter de la céramique musicale, le sifflet est considéré comme secondaire. L’accent est mis sur les pièces exceptionnelles comme les violons et autres instruments de faïence et de porcelaine. Ainsi Oscar-Edmond Ris-Paquot (1835- ?), qui écrivit plusieurs ouvrages sur les faïences, consacre-t-il un seul chapitre aux sifflets en terre cuite dans son ouvrage La Céramique musicale et instrumentale2. Ses pages n’apportent que peu d’informations textuelles mais sont illustrées par des dessins de sifflets des xve et xvie siècles dont certains sont actuellement inconnus dans les collections publiques.

Louis Clapisson (1808-1866), musicien et amateur d’instruments de musique anciens dont la collection forma en partie le fonds du Musée instrumental3, fut un des grands collectionneurs de sifflets que nous connaissons. Malheureusement, sa collection fut vendue aux enchères après son décès. De cet ensemble, nous connaissons seulement les descriptions sommaires du catalogue de vente4. Seuls quelques-uns de ses sifflets pourraient subsister dans la collection actuelle du musée de la Musique à Paris. Cette passion pour les sifflets lui valut surtout des moqueries5.

Le xixe siècle voit la naissance de l’archéologie et du folklore6. Ce sont souvent les mêmes « savants » – selon le terme de l'époque – qui effectuent les premières recherches dans ces disciplines aujourd'hui bien distinctes. Si leurs méthodes ont pu parfois être critiquées, il faut reconnaître pourtant la qualité de certains travaux due à la curiosité qui les pousse à s’intéresser globalement à l'usage de l'objet dans sa dimension historique et contemporaine. L'intérêt réside aussi dans le fait qu'ils travaillent la plupart du temps dans le cadre de sociétés savantes, véritables réseaux souvent structurés à un niveau européen, et dont les Bulletins constituent aujourd’hui encore de précieuses sources d’information. Le sifflet en terre cuite, objet d’archéologie mais aussi d’ethnographie, ne pouvait qu’attirer leur attention.

François Daleau (1845-1927) est l'un de ces savants. Pionnier de l’archéologie dans le Sud-Ouest français7, il sollicite ses correspondants en Europe pour obtenir des renseignements sur les sifflets de terre cuite, comme en témoigne une lettre envoyée en 1893 à l’anthropologue portugais Fernando Ferraz de Macedo8 où il écrit : « Je possède un certain nombre de ces pièces modelées avec une très grande naïveté, provenant des pays suivants : France, Allemagne, Bohême, Hollande, Suède, Suisse, etc. Je n’ai rien encore du Portugal et j’ai seulement d’Espagne un petit Taureau-sifflet. Je me rappelle avoir vu à Cartagena de petites madones et d’autres statuettes de formes très archaïques que l’on vendait à cinq et dix centimes. »

Ses sifflets seront exposés avec ses collections préhistoriques et ethnographiques dans son musée à Bourg (Gironde)9. Malheureusement, il ne semble pas que Daleau ait publié d’article sur ce sujet et cette collection a disparu depuis.

D’autres chercheurs se sont intéressés aux sifflets dans la mouvance de la Société d’anthropologie de Paris. On peut citer Félix Flandinette10, préparateur à cette société, qui en réunit une importante collection et dont une grande part a été préservée. Elle comprenait des sifflets de tout type. La documentation afférente à chacun d'eux n’a hélas pas été conservée et seules les indications subsistantes sur certaines étiquettes permettent de préciser quelques origines.

Le docteur Arthur Bordier (1841-1910)11, disciple de Paul Broca, publie en 1892 un article consacré au langage sifflé des Canaries12. Il s’agit, pour lui, du langage d’origine des Guanches qu’il présente comme rattachés directement aux hommes de Cro-Magnon, race s’étendant selon lui de la Vézère aux Canaries en passant par la Kabylie. Il fait ensuite l’hypothèse que l’homme primitif parlait peu, « par la raison que les hommes, à l’état de repos, avaient peu de choses à dire ». Devant surtout se faire entendre à distance pour la chasse ou la guerre, le sifflet répondait mieux à ce besoin que la parole. Dans le son des sifflets actuels utilisés par les gavroches ou les voleurs13, « nous devons peut-être reconnaître l’appel de nos pères dans la forêt. N’est-ce pas, en effet, dans les couches sociales les plus inférieures qu’il faut chercher le vestige des anciennes mœurs de l’humanité ? »

Sa thèse s’inscrit dans la lignée de l’école d’anthropologie de Paris de type évolutionniste où l'homme préhistorique est vu comme l'ancêtre de l'homme primitif. Le sifflet, instrument de facture simple est ainsi vu comme une survivance des temps anciens. Cette théorie subsistera longtemps dans la présentation des sifflets en terre cuite dont les formes ont été souvent perçues comme la survivance de statuettes pré- ou protohistoriques.

Les premiers folkloristes français, tel Paul Sébillot (1843-1918), ne s’intéressent que peu aux sifflets. Il fait don au musée du Trocadéro du premier sifflet de cette collection (1885.3.4) mais il s’agit là d’une exception14. Aucune grande collection n’est rassemblée au xixe siècle dans un musée français pour témoigner de la production nationale. Il faudra attendre Arnold Van Gennep (1873-1957) pour voir un folkloriste francophone s’intéresser aux sifflets.

Le xxe siècle

Van Gennep a profondément marqué son époque par son œuvre monumentale, le Manuel de folklore contemporain, demeurée inachevée. Il appréhende les traditions populaires dans leur dynamisme et travaille à partir de l’étude des faits de folklore vivants au moyen de questionnaires d'enquêtes. En note d’un article sur les sifflets en forme d’oiseau15 d’Ernest Closson (1870-1950), musicologue belge qui étudia les chansons populaires et le folklore flamand, la rédaction du Folklore brabançon indique : « Depuis que cet article a été écrit, M. Arnold Van Gennep que nous avons rencontré à Paris nous dit avoir réuni depuis de nombreuses années des séries de ces sifflets et qu’il avait depuis longtemps l’intention de leur consacrer une étude. Comme des sifflets de ce genre ont été fabriqués en Brabant, à Louvain jusqu’au moment de la guerre, nous publierions volontiers l’étude que M. Van Gennep voudrait également leur consacrer. » Cette étude n’a pas vu le jour et la collection de Van Gennep a disparu. Heureusement, l’utilisation des sifflets en terre cuite est mentionnée à plusieurs reprises dans son œuvre16.

C'est donc assez tardivement qu'une étude générale sur les sifflets sera finalement réalisée. En 1974, Heide Nixdorff publie une typologie des sifflets européens en terre cuite, s'appuyant sur les collections des musées de Berlin. L'auteure donne aussi des éléments d'information sur les traditions liées à ces objets et, pour la première fois, consacre un court chapitre à leur histoire17. Heide Nixdorff énumère tout d’abord les découvertes les plus anciennes de sifflets dont elle a connaissance en Chine, Egypte, Inde, Proche- et Moyen-Orient. En Europe, Heide Nixdorff ne dispose, pour la période préhistorique, que de la mention de la découverte d’un sifflet à Furfooz en Belgique dans un site de l’âge du bronze (voir à ce sujet l’Antiquité ci-après). Les premières sources sûres en Europe remontent pour elle à l’époque grecque18. D’autres sifflets ont été trouvés en Égypte et sont datés de l’époque ptolémaïque. L’influence gréco-romaine de ces sifflets est incertaine car aucun objet antique semblable n’a été trouvé en Europe. Sur le sol égyptien, les découvertes ultérieures de sifflets datent ensuite de l’époque fatimide (xe-xie siècles) pour laquelle un sifflet à eau en forme de cruche a été découvert. Comme les premiers sifflets découverts en Europe après l’époque antique datent du xe siècle, Heide Nixdorff pose la question de la continuité ou non de la production de sifflets en Europe : sont-ils présents – et fabriqués localement depuis la Grèce antique jusqu'à nos jours – ou bien objets et savoir-faire ont-ils été transmis en l'Europe par le monde islamique ? Les quelques sifflets médiévaux découverts en Russie ou en Hongrie l’incitent à penser qu’il y a bien eu un développement spécifique en Europe. De nombreux exemples de la production de sifflets à partir de l’époque médiévale lui permettent d’affirmer que cette production est ensuite continue en Europe jusqu’à notre époque. Heide Nixdorff constate deux zones d’influence, l’Europe centrale caractérisée par les sifflets à eau ou globulaires en forme d’oiseau et l’Europe du Sud et de l’Est où les sifflets sont principalement en forme de mammifère.

Malgré quelques erreurs dues aux difficultés, en 1974, d’accéder à des textes souvent anciens et publiés dans diverses langues, l’étude de Heide Nixdorff a eu l’immense mérite de considérer pour la première fois la production de sifflets à l'échelle de l'Europe et de tenter de définir un schéma de leur diffusion au niveau des grands ensembles européens. Les données de ce chapitre ont été reprises dans de nombreux articles ou catalogues sur les sifflets jusqu’au début des années 2000 sans être vérifiées. Cela a conduit à la perpétuation des erreurs de cette étude et même à leur aggravation due aux traductions souvent approximatives de ce texte rédigé en allemand.

II. Les sources

Sources archéologiques

Bien que les sifflets trouvés lors de fouilles soient relativement nombreux désormais dans toute l’Europe, il serait risqué de tirer quelques conclusions générales qui soient pertinentes quant à leur diffusion géographique et chronologique : les données que nous possédons sont difficilement comparables étant donné la disparité qui existe dans les différents pays concernant les méthodes de fouilles et la publication des résultats. Cela dit, depuis quelques années, le développement de l’archéologie en milieu urbain et la prise en compte des couches médiévales ou modernes lors des fouilles contribuent à mettre au jour de nombreux sifflets qui permettent de se faire une idée un peu plus précise de la production européenne.

L’interprétation de ces découvertes archéologiques reste pourtant un exercice très délicat. Les sifflets trouvés en fouilles sont-ils révélateurs de la production d’une époque ou des choix faits par les archéologues sur les époques et les lieux à fouiller ? Par exemple, peut-on considérer que le sifflet était, à la fin du Moyen Âge, un jouet destiné à la population urbaine et à une couche sociale supérieure quand ce sont les villes et les habitats aisés qui sont majoritairement fouillés ? Les sifflets retrouvés viennent souvent de dépotoirs de maisons bourgeoises ou de milieux castraux mais un enfant d’un milieu populaire rural ou urbain aura probablement plus certainement joué dans la rue ou les champs et son sifflet se retrouvera peut-être un jour dans ces zones encore rarement fouillées.

Sources écrites

La plus ancienne mention est une citation d’Ibn Rushd Al Jadd (1058-1126), cadi de Cordoue et juriste qui condamne l’utilisation de jouets zoomorphes, telles les girafes, fabriqués au Nouvel An (nayrūz) en Espagne. Cette citation se trouve dans un traité juridique du xve siècle de Muhammad b. Ahmad b. Qāsim b. Sa‘id al-‘Uqbānī al-Tilimsānī (décédé en 1467), issu d’une famille de juristes illustres et cadi de Tlemcen (Algérie). Uqbānī note à ce propos que la même coutume existait à Tlemcen au mois de janvier et ajoute que, d’une manière générale, on fabriquait des jouets du même genre à l’occasion de toutes les fêtes, coutume qui, à son avis, ne pouvait dénoter qu’une origine chrétienne19. Ces jouets comprenaient, selon toute vraisemblance, des sifflets en terre cuite : on en a trouvé de nombreux exemplaires en Andalousie.
En dehors de cette mention qui ne cite pas spécifiquement les sifflets, quelques textes de la fin du Moyen Âge présentent nominalement les sifflets comme des jouets20.
La rareté et la brièveté de ces sources nous empêchent de tirer plus d'informations sur la production ou les usages de ces objets à cette époque tout comme à la période moderne qui n'est pas plus prolixe en la matière.
Il faut attendre le xixe siècle pour disposer de sources plus abondantes même s’il s’agit souvent de simples mentions dans des comptes rendus de sociétés savantes.

Collections publiques et privées

De nombreux sifflets sont présents dans les collections des musées nationaux, tant ceux dédiés aux arts et traditions populaires que ceux dédiés à l’archéologie. La mise à disposition sur Internet des catalogues numériques de ces collections en fait une source importante pour la recherche car elle permet de replacer les productions nationales dans des ensembles géographiques plus vastes.

Il ne faut pas négliger les collections privées qui comportent souvent de nombreux sifflets anciens. Les origines de ces objets souvent acquis chez des marchands sont rarement précisées mais, même sans ces précisions, ces objets demeurent intéressants pour compléter les typologies des musées.

Ainsi on le voit, les fouilles archéologiques demeurent la source principale de découverte de sifflets pour les périodes antérieures au xixe siècle mais elles demeurent éparses et parcellaires, et malgré leur relative abondance, la présentation des sifflets en terre cuite dans les pages qui suivent comporte encore bien des zones d’ombres.

III. Approche de l’histoire de la production des sifflets en terre cuite


Phalange percée (sifflet) découverte dans la grotte de Gourdan, Magdalénien. Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale (MAN51330). © RMN-Grand Palais / Loïc Hamon

Ill. 1 : Phalange percée (sifflet) découverte dans la grotte de Gourdan, Magdalénien. Saint-Germain-en-Laye,
musée d’Archéologie nationale (MAN51330).
© RMN-Grand Palais / Loïc Hamon

Les premiers sifflets de terre cuite n'apparaissent pas dans un paysage sonore vierge. Le signal acoustique du sifflet a une portée importante et se distingue aisément des sons naturels, ce qui justifie son utilisation par les peuples de chasseurs-cueilleurs. Il est probable que l'homme a découvert très tôt la façon de siffler en utilisant les brins d'herbe ou d'autres matériaux naturels qui n'ont pas laissé de trace, comme des noyaux de fruit ou des coquilles21. L’ethnologie nous révèle encore aujourd’hui l’utilisation courante de sifflets fabriqués avec des noyaux.

Le sifflet est, avec la flûte, l'instrument à vent, voire l'instrument tout court, le plus ancien actuellement identifié22.

Les premiers sifflets ont été réalisés avec des phalanges de renne percées (ill. 1) et se rencontrent en Europe centrale et occidentale pendant tout le Paléolithique supérieur, jusqu'à la disparition du renne vers le ixe millénaire av. J.-C. Leur origine remonte avant le lxe millénaire dans le Moustérien de la Quina. L'étude de ces phalanges a montré que l'homme préhistorique utilisait à cet effet des phalanges déjà percées par des crocs de loup et intervenait ensuite pour régulariser le trou23. C'est le soin avec lequel est repris le bord du trou qui donne la qualité du son et sans cette intervention, la phalange siffle mal ou pas du tout. Leur utilisation comme appeau à la chasse est probable. De tels sifflets sont encore utilisés chez les Lapons pour appeler les rennes.

Si la céramique est déjà connue sous forme de statuettes vers 29000 av. J.-C., aucune découverte ne permet actuellement de penser que le sifflet en terre cuite ait été produit avant le Néolithique (environ 10000 av. J.-C.) quand l’utilisation domestique de la céramique se généralise. Cependant, l'observation des instruments archéologiques en os du Paléolithique montre que la technique du sifflet globulaire et de l'embouchure à conduit d’air aménagé est alors parfaitement maîtrisée24.

Néolithique

Si Heide Nixdorff émettait en 1974 l’hypothèse que, en Europe, les sifflets en terre cuite pourraient remonter à l’âge du bronze, l’archéologie a, depuis, permis de découvrir des sifflets antérieurs, du ve millénaire avant notre ère, soit du début du Néolithique final.

Deux types très différents de sifflets sont connus pour cette période du Néolithique.

Le premier type correspond à un sifflet globulaire sphérique de petite taille dans lequel l’embouchure est seulement formée par un trou dans la paroi25. Un de ces sifflets (39 x 33 mm) a été découvert à Perchtoldsdorf, en Autriche près de Vienne26. Il date du Néolithique final qui, pour cette région, correspond à 1800 av. J.-C.

Si ce sifflet est tardif, un autre sifflet en forme de poire a été découvert en Hongrie à Vésztö-Magor27. Il appartient à la culture de la Tisza, culture néolithique de la grande plaine hongroise des ve et ivemillénaires av. notre ère. Vésztö-Magor est un site d’habitat où ont été retrouvés, avec de petites figurines zoomorphes ou anthropomorphes, des objets du quotidien tels que peignes en os, pendentifs, cuillère, etc.

Sifflet globulaire appelé payam, Cameroun, ethnie Fali, XXe siècle. Paris, musée du quai Branly (71.1938.46.520). © musée du quai Branly

Ill. 2 : Sifflet globulaire appelé payam, Cameroun, ethnie Fali, xxe siècle.
Paris, musée du quai Branly (71.1938.46.520). © musée du quai Branly

Enfin, un dernier sifflet du même type a été découvert en 2007 en République de Macédoine sur le site de Mramor, près du village de Cashka28. La sphère, d’un diamètre de 4,7 cm, possède deux trous de jeu en plus du trou d’embouchure. Ces trois trous, d'un diamètre allant de 0,4 à 0,6 cm sont placés en triangle. Autour du trou le plus large, la paroi est légèrement aplanie. L’instrument permet de jouer des mélodies dans un intervalle de quinte. Le site de Mramor se rattache à la phase II–IV de la culture d’Angabegovo-Vrsnik, soit entre 5000 et 4000 av. J.-C.

Ce premier type de sifflet est semblable aux flûtes globulaires de la même époque trouvées en Chine et ancêtre des xun, flûtes globulaires ovoïdes utilisés lors de rites confucéens. On retrouve ces sifflets sphériques dans la culture précolombienne et, en Afrique, de tels sifflets sont encore utilisés au Cameroun (ill. 2). On peut supposer qu’il s’agit du modèle de sifflet le plus ancien car, comme nous l’avons déjà vu, l’homme sifflait depuis longtemps dans des noyaux, coquillages et autres objets globulaires naturels. Des sifflets formés à partir de petites géodes de pierre ont ainsi été découverts en Europe29. Modeler de petites sphères en terre cuite pour former un sifflet est une innovation qui a pu voir le jour dans tous les foyers de néolithisation.

Le deuxième type est représenté par un sifflet tubulaire30 découvert sur un chantier de fouilles franco-roumain dans un tell (site d’habitat) occupé du ve au iiie millénaire à Hîrşova, sur la rive droite du Danube31 (ill. 3 - Pour écouter ce sifflet, suivre le lien : « Vivre au bord du Danube il y a 6500 ans »). Ce sifflet se rattache à la culture Gumelniţa qui marque le début du Chalcolithique en Roumanie, situé au début du ve millénaire avant notre ère.

La tête de l’animal représenté par ce sifflet zoomorphe est manquante mais, dans sa façon d’être formé (un tuyau forme le corps de l’animal sur lequel sont ajoutés le protomé de l’animal et les pattes), il se révèle en tout point semblable aux sifflets toujours modelés en Roumanie (ill. 4). Contrairement aux sifflets du premier type où le joueur souffle directement sur le biseau confondu avec l’embouchure, l’embouchure est ici à conduit aménagé32.

Sifflet zoomorphe en terre cuite, Hîrşova, Roumanie. Culture Gumelniţa, vers 4600-4000 avant notre ère. Constanţa, musée d'Histoire nationale et d'Archéologie (inv. 39487). © musée d'Histoire nationale et d'Archéologie Constanţa

Ill. 3 : Sifflet zoomorphe en terre cuite, Hîrşova, Roumanie, culture Gumelniţa, vers 4600-4000 av. J.C.
Constanţa, musée d'Histoire nationale et d'Archéologie (inv. 39487).
© musée d'Histoire nationale et d'Archéologie Constanţa

Sifflet tubulaire. Pisc, Roumanie, milieu du XXe siècle. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Ill. 4 : Sifflet tubulaire. Pisc, Roumanie, milieu du xxe siècle. Coll. particulière. © Pierre Catanès

L’association de ce sifflet à une forme animale laisse supposer qu’il pouvait posséder une fonction rituelle. Les sifflets roumains toujours fabriqués dans la même région, et selon les mêmes techniques, représentent généralement des taureaux, des béliers ou des caprinés. On sait le rôle important de ces animaux dans les cultes, comme dans le quotidien des sociétés néolithiques.

Partant de ces découvertes, on peut penser que ces objets sont apparus au Néolithique en Europe, tout d'abord dans les Balkans ou près des rives de la mer Noire. Une diffusion ultérieure par la plaine danubienne est logique puisqu’on les retrouve dans l'ensemble de ce bassin, de la Roumanie à l’Autriche. Il est probable néanmoins que ce schéma est plus complexe, à l’image de la néolithisation de l’Europe qui révèle une grande variété de familles et de foyers dont les liens restent difficiles à établir.

Le type de sifflet globulaire a pu ainsi apparaître dans les premières cultures néolithiques des Balkans et accompagner leur diffusion dans l’Europe tempérée autour de 5500 avant notre ère par le bassin du Danube.

Quelle fut la diffusion du sifflet zoomorphe de type tubulaire découvert en Roumanie ? L’aire actuelle de ces sifflets reste circonscrite à ce pays et aux régions limitrophes de Hongrie, ce qui laisse penser que cette diffusion est restée limitée. Il reste encore à découvrir les témoins néolithiques de sifflets en terre cuite dans le pourtour méditerranéen.

Âges des métaux

Quand Heide Nixdorff évoque en 1974 la présence de sifflets en Europe dès l’âge du bronze, elle se réfère à un texte de 1898 présentant un sifflet en forme d’oiseau trouvé à Furfooz, site préhistorique de Belgique daté de l’âge du bronze. Une recherche dans les Annales de la Société archéologique de Namur de 1892, citées par Mme Nixdorff, précise le lieu de la découverte puisqu'il s'agit des bains voisins de la forteresse33, décrits par la Société archéologique de Namur comme étant un établissement thermal du Bas-Empire (iiie siècle34), ce qui conduit à attribuer cette découverte à l’Antiquité.

D’autres découvertes permettent heureusement de compléter la vision des sifflets en Europe pendant les âges des métaux.

Les petits sifflets de forme sphérique déjà connus au Néolithique ont continué à être fabriqués. Deux de ces sifflets sans trou de jeu ont ainsi été découverts en 1874 à Hallstatt35 en Autriche. Ils ont été trouvés dans la tombe 98 de la nécropole et peuvent être datés entre la fin de l’âge du bronze et le Hallstatt C, première période de l’âge du fer.

Figurine d’oiseau décrite comme étant un sifflet trouvé à Piliny, Hongrie. Illustration de Joseph Hampel extraite de Trouvailles de l’âge de bronze en Hongrie (Piliny), Budapest, 1886.

Ill. 5 : Figurine d’oiseau décrite comme étant un sifflet trouvé à Piliny, Hongrie.
Illustration de Joseph Hampel extraite de Trouvailles de l’âge de bronze en Hongrie (Piliny), Budapest, 1886.

La fonction de plusieurs objets globulaires est difficile à déterminer. Découverts lors de fouilles de la fin du xixe siècle, seuls les dessins réalisés à l’époque nous renseignent.

Il en est ainsi pour un objet aviforme découvert à Piliny, dans le comitat de Nógrád dans le nord de la Hongrie vers 1867, sur un site de l’âge du bronze36. Cet objet, aujourd’hui disparu, a été décrit lors de sa découverte comme étant un sifflet. Il est daté de la culture Hatvan (Toszeg B) soit vers 1900-1550 av. J.-C. Néanmoins, le dessin (ill. 5) fait simplement apparaître un trou à l’arrière du corps de l’oiseau et sa forme rappelle les hochets ornithomorphes répandus à l’âge du bronze.

S’agissait-il réellement d’un sifflet ou bien était-ce un hochet ?

Les dessins ou photographies d’autres sifflets ne laissent heureusement aucun doute sur la fonction de sifflet des objets, les embouchures étant à conduit d’air aménagé.

C’est le cas pour un objet trouvé en Hongrie à Vörösmart dans le comitat de Baranya, autour de la ville de Pécs37. Cette flûte globulaire est de forme ovoïde allongée, avec une excroissance sur chaque côté. Elle est conservée au département de Préhistoire du musée des Sciences naturelles de Vienne. Un trou est percé sur la face supérieure permettant à peine de moduler la tonalité, ce qui laisse supposer que ce sifflet pourrait être un sifflet à eau, le premier du genre connu en Europe.

Un autre sifflet zoomorphe a été découvert en Hongrie. Le corps est allongé avec un simple protomé d’animal à l’avant possédant deux petites oreilles au sommet du crâne. Il a été découvert à Toszeg au xixe siècle. Sa forme est proche de celle, rencontrée aujourd’hui encore, des sifflets produits dans cette région.

Un sifflet a été trouvé en Pologne à Komorowo lors de fouilles dans les années 1970 sur un site d’habitat fortifié de la période d’Hallstatt D38. Il est en forme de corne et émet un sol.

En Espagne, un sifflet en forme de coq a été découvert à Cerro de Somosierra (Sepúlveda, Ségovie) et est daté du deuxième âge du fer39 et un autre, en forme de tête de femme, a été trouvé à Alora (Malaga) et est attribué à l’époque ibérique40.

On peut encore citer un sifflet découvert à Bjerkreim au sud de la Norvège. Il date de 400 apr. J.-C. période correspondant encore à l’âge du fer dans cette région (400 av. J.-C. à 800 apr. J.-C. environ41). En forme d’oiseau au long bec reposant sur un socle tronconique, il est creux et son embouchure est simplement formée par un trou ouvert au sommet de la tête.

Les sifflets en terre cuite étaient ainsi connus dans une large partie de l’Europe pendant la protohistoire. Quels étaient les usages des sifflets en terre cuite aux périodes préhistorique et protohistorique ? Si quelques sifflets ont été trouvés dans des nécropoles, beaucoup d’autres proviennent de sites d’habitat et on peut supposer que la pluralité actuelle des fonctions du sifflet (jouet, instrument lors des fêtes religieuses du printemps, appeau, etc.) était déjà vraie il y a plusieurs millénaires.

Antiquité

Les sifflets sont connus dans le monde antique. On les retrouve en Égypte42, au Proche-Orient43, dans le monde grec et dans le monde romain. Ils sont particulièrement présents en Anatolie.

Sifflets, Anatolie, 1re moitié du IIe millénaire av. J.-C. Hanau-Wilhelmsbad, Hessisches Puppenmuseum (RAZ 448 et MAZ 511). © Pierre Catanès

Ill. 6 : Sifflets, Anatolie, 1re moitié du IIe millénaire av. J.-C.
Hanau-Wilhelmsbad, Hessisches Puppenmuseum (RAZ 448 et MAZ 511). © Pierre Catanès

Sifflet à eau ?, Anatolie, 2e moitié du VIIIe siècle av. J.-C. Hanau-Wilhelmsbad, Hessisches Puppenmuseum (MAZ 510). © Pierre Catanès

Ill. 7 : Sifflet à eau ?, Anatolie, 2e moitié du viiie siècle av. J.-C.
Hanau-Wilhelmsbad, Hessisches Puppenmuseum (MAZ 510). © Pierre Catanès

Le musée du jouet de Hanau (Hessisches Puppenmuseum Hanau-Wilhelmsbad) possède ainsi dans ses collections deux sifflets d’Anatolie de la période hittite (ill. 6) et un sifflet de la période phrygienne (ill. 7)44. Celui-ci, partiellement restauré, est particulièrement intéressant puisqu’il pourrait s’agir d’un sifflet à eau, le plus ancien connu actuellement. Nous avons pu étudier dans une collection privée en Allemagne deux sifflets semblables à ces deux pièces hittites du musée d’Hanau. Nous pensons que ce modèle a pu être caractéristique d’un même site de production qui reste à identifier.

Simone Mollard-Besques, dans son catalogue des figurines grecques, étrusques et romaines des musées français, signale également quelques sifflets en terre cuite de la période hellénistique. Deux d'entre eux proviennent de l’ancienne Smyrne (actuelle Izmir en Turquie) et sont datés entre le iiie siècle av. J.-C. et le iie siècle apr. J.-C.45. Le dernier est de provenance inconnue46. Ces trois sifflets sont globulaires, de petite taille (hauteur d’environ 3 cm) et en forme d’oiseau. Les têtes sont stylisées et triangulaires. On retrouve cette forme pour de nombreux sifflets du pourtour méditerranéen dans les collections privées, mais les origines de ces derniers sont rarement précises et ne permettent pas de confirmer si cette forme était typique de l’Asie Mineure et du Proche- et Moyen-Orient.

Ces découvertes ne suffisent pas à confirmer les affirmations des ouvrages généralistes portant sur les jouets qui présentent les sifflets en terre cuite comme fréquents aux époques grecque et romaine. Dès 1900, Gaston Vuillier écrivait : « Un des jouets familiers aux enfants de Rome consistait en une petite figurine d’argile qu’on faisait siffler en lui soufflant dans le dos. »47. L’archéologie confirme-t-elle cette phrase ?

Les jouets, breloques et amulettes sonores, étaient courants à Rome où ils étaient désignés globalement sous le nom de crepundia ou crepitacula (de crepare : « faire du bruit ») et de tintinnabula, terme qui recouvrait surtout les petits instruments sonores tels que les clochettes par exemple. Les jouets de la première enfance étaient très importants dans le monde antique. Dès sa naissance, l’enfant recevait des jouets. On lui en offrait encore au cinquième jour quand il était initié à la religion de sa famille, puis quand il recevait son nom, et enfin pour ses anniversaires et à la nouvelle année. Ces petits jouets étaient attachés au cou ou suspendus à une courroie portée en baudrier. Certains de ces jouets étaient en terre cuite et en forme d’animaux, le coq étant un des plus fréquents. Par extension, crepundia a désigné tous les jouets des enfants que l’on déposait avec lui dans sa tombe : poupées, dînettes, osselets...

Trois sifflets sont ainsi dessinés dans le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines de Daremberg48 dans l’article sur les crepundia (ill. 8). Ces dessins ont été édités initialement en 1781 (ill. 9) par le prince de Biscari49.

Dessins de sifflets antiques reproduits dans le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines de Daremberg de 1887.

Ill. 8 : Dessins de sifflets antiques reproduits dans le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines de Daremberg de 1887.

Dessins originaux des sifflets dans l’ouvrage du prince de Biscari de 1781.

Ill. 9 : Dessins originaux des sifflets dans l’ouvrage du prince de Biscari de 1781. Source : cf. note 49.

Parmi les objets trouvés dans les sépultures d’enfants, les comptes rendus de fouilles anciennes50 mentionnent principalement les poupées, les petits vases, les clochettes ou les hochets, et rien n’indique que crepundia ait aussi désigné les sifflets en terre cuite.

Comparativement au nombre très élevé de fouilles réalisées depuis plusieurs siècles sur les sites antiques, peu de sifflets en terre cuite ont été mis au jour. Le plus souvent, ces découvertes datent du xixe ou début du xxe siècle. Soit elles sont non documentées, soit il s’agit de trouvailles de surface attribuées à l’époque antique dès qu’un site archéologique romain existait à proximité.

Nous présenterons ci-dessous quelques unes de ces découvertes. Souvent citées pour étayer la théorie présentant le sifflet comme un jouet antique courant, leur étude remet en cause beaucoup de ces attributions.

No 11, « sifflet en terre blanche ». Découvertes de Tainturier 1906-1912.

Ill. 10 : No 11, « sifflet en terre blanche ». Découvertes de Tainturier 1906-1912.

Dans l’Yonne, sur les terres des villages de Jaulges et Villiers-Vineux où exista une importante fabrique de poteries, Louis Tainturier, archéologue local, réalisa des fouilles de 1906 à 1912. Ces ateliers de potiers gallo-romains ont fonctionné du ier à la fin du ive siècle de notre ère51. Un article de 1913 présente les découvertes de Tainturier et reproduit parmi les découvertes un objet identifié comme « sifflet en terre blanche ». La photographie illustrant l’article (ill. 10) ne permet pas du tout de confirmer la fonction de cet objet disparu depuis52.

No 1, Sifflet gallo-romain, illustration publiée dans l’article d’Arthur Bordier, La Nature, 1892, p. 241.

Ill. 11 : No 1, Sifflet gallo-romain, illustration publiée dans l’article d’Arthur Bordier, La Nature, 1892, p. 241.

Dans un article sur les sifflets53, Arthur Bordier reproduit en 1892 un sifflet gallo-romain de la collection Flandinette (ill. 11). Aucune indication d’origine n’est donnée. Il a été possible de retrouver ce sifflet, comme une partie de cette ancienne collection, chez les descendants de Félix Flandinette (ill. 12). Il est en forme de poule et le dessous du socle est ouvert, ce qui permet, en couvrant partiellement le fond, de moduler le son. En dehors de l’attribution donnée par son premier propriétaire, rien ne permet de confirmer que ce sifflet soit gallo-romain.

Sifflet gallo-romain ?, ancienne collection Flandinette. © Pierre Catanès

Ill. 12 : Sifflet gallo-romain ?, ancienne collection Flandinette. © Pierre Catanès

 Album des principaux objets recueillis dans les sépultures de Caranda (Aisne), par M. Frédéric Moreau, pendant les années 1873, 1874, 1875. Saint-Germain-en-Laye, musée d'Archéologie nationale. © RMN-Grand Palais (musée d'Archéologie nationale) / Jean-Gilles Berizzi

Ill. 13 : Album des principaux objets recueillis dans les sépultures de Caranda (Aisne), par M. Frédéric Moreau, pendant les années 1873, 1874, 1875.
Saint-Germain-en-Laye,
musée d'Archéologie nationale.
© RMN-Grand Palais (musée d'Archéologie nationale) /
Jean-Gilles Berizzi

Un sifflet tubulaire est présenté dans les études sur les terres cuites à glaçure plombifère de l’Allier antique. Ce sifflet, conservé au musée du Chastel-Franc de Vichy, est long de 5,1 cm et d’un diamètre de 1,6 cm. Il possède quelques traces de glaçure jaune-vert54. Trouvé en 1864, il est très proche des sifflets tubulaires insérés dans les sifflets à eau médiévaux et on peut s’interroger sur sa datation du ier siècle de notre ère. Un autre sifflet tubulaire proche est cependant reproduit dans le compte rendu des fouilles des sépultures de Caranda (Aisne) effectuées de 1873 à 1875 dont les 2 600 sépultures fouillées s’échelonnent de La Tène 1 à la période mérovingienne (ill. 13). L’attribution de ces deux sifflets à la période gallo-romaine est donc incertaine mais possible. Ils confirmeraient alors que les sifflets à eau étaient connus dans la Gaule romaine.

L’attribution à l’époque gallo-romaine d’un sifflet en forme d’oiseau trouvé dans le Berry55 ne peut non plus être certifiée car cet objet n’a pas été trouvé lors de fouilles mais en ramassage de surface dans une zone qui a effectivement livré de nombreux artefacts gallo-romains.

Hors de France, ces découvertes hors contexte sont également fréquentes. En Espagne, à Ibiza, a été retrouvé un sifflet en forme d’oiseau aquatique modelé avec un grand réalisme. La queue est aménagée pour former la flûte à conduit d’air aménagé. L’absence de précision sur le lieu de découverte empêche toute certitude sur son attribution présentée cependant comme étant antique56.

Ce sifflet, aujourd’hui au musée préhistorique de Valence, a été attribué à l’Antiquité car il provient de la collection de Pérez Cabrero, dont plusieurs pièces furent acquises en 1930. Arturo Pérez Cabrero fut un des principaux chercheurs d’Ibiza au début du xxe siècle. Les objets achetés par le service de recherche préhistorique de Valence ont été décrits à l’occasion de leur achat à la veuve de Arturo Pérez Cabrero comme étant « du matériel punique d’Ibiza [...] et provient de fouilles effectuées par ce distingué chercheur d’antiquités d’Ibiza ». Les circonstances de la découverte de l’objet ne sont pas connues (ill. 14).

Sifflet « antique » du musée préhistorique de Valence. H. 2 ; L. 4,5 ; l. 1,7 cm.

Ill. 14 : Sifflet « antique » du musée préhistorique de Valence. H. 2 ; L. 4,5 ; l. 1,7 cm. © Droits réservés

Sifflet, Asie (Birmanie ?), vers 1900. H. 1,7 ; L. 4 ; l. 1,3 cm. Coll. particulière. © Pierre Catanès Sifflet, Asie (Birmanie ?), vers 1900. H. 1,7 ; L. 4 ; l. 1,3 cm. Coll. particulière. © Pierre Catanès Sifflet, Asie (Birmanie ?), vers 1900. H. 1,7 ; L. 4 ; l. 1,3 cm. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Ill. 14 bis : Sifflet, Asie (Birmanie ?), vers 1900. H. 1,7 ; L. 4 ; l. 1,3 cm. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Deux points incitent à douter de l’origine de ce sifflet. La typologie de cet oiseau, tout d'abord, est très différente des sifflets (les siurells) produits ultérieurement dans les Baléares. Généralement, il y a continuité dans la fabrication des sifflets dans une région. Ensuite, bien que nous n’ayons pas pu étudier ce sifflet de visu, les représentations de ce sifflet évoquent les sifflets d’Asie de la fin du xixe siècle que nous avons pu étudier dans des collections privées et en particulier un sifflet venant d’Asie, sans doute de Birmanie (ill. 14 bis). Ses dimensions sont similaires. D’autres sifflets très proches font partie de l’ancienne collection de sifflets réunie vers 1900 par Félix Flandinette, préparateur de la Société d’anthropologie de Paris, et confirment que ces modèles étaient produits en Asie à la fin du xixe siècle. Il convient ainsi d’être très prudent avec ces sifflets « antiques » aux provenances exactes inconnues.

Sifflet trouvé à Furfooz. Illustration A.S.A.N. 1877.

Ill. 15 : Sifflet trouvé à Furfooz. Illustration A.S.A.N. 1877.

Un autre genre de sifflet, souvent attribué à l’époque antique, est modelé en forme d’oiseau de petite taille. Le sifflet de Furfooz en Belgique, déjà présenté dans le paragraphe sur les âges des métaux, est typique de ce genre (ill. 15). Deux sifflets semblables ont été trouvés en surface dans le nord de la France57. Comme à Furfooz, ils proviennent de sites où les vestiges du Néolithique et des âges des métaux sont proches d’habitats gallo-romains, aussi leur datation précise est incertaine. Cette datation est d’autant plus difficile que ces petits sifflets ont été réalisés jusqu’au xxe siècle dans de nombreuses régions en Europe. Il est donc impossible d’exclure une origine moderne pour ces objets en l’absence d’une datation effectuée selon des méthodes scientifiques.

De tels sifflets sont encore découverts aujourd’hui. L’historien belge Jean Dufrasnes nous a signalé récemment quatre sifflets aviformes trouvés autour de Belœil dans le Hainaut, et pouvant être attribués à la période gallo-romaine, sifflets dont il a publié depuis la découverte58. Trouvés en surface, il est bien sûr possible que ces sifflets datent de l’époque moderne et aient été des appeaux ou des sifflets utilisés lors d’un pèlerinage local.

La question de la datation des sifflets provenant des collections anciennes d’objets antiques se pose aussi en Italie. Le Museo Nationale degli Strumenti Musicali de Rome possède ainsi quatorze sifflets provenant d’une collection d’objets antiques constituée au début du xxe siècle. Leur étude détaillée conduit à les attribuer aujourd’hui au xiiie siècle pour les plus anciens et jusqu’au début du xxe siècle pour les plus récents59. Alors que les datations anciennes privilégiaient l'origine antique de ces sifflets en forme de tête féminine, de têtes de satyre, de harpie ou encore de coq, sanglier ou grenouille, la tendance actuelle, sans pourtant disposer de davantage de preuves que pour l'attribution antique, consiste à les attribuer à l'époque médiévale ou moderne en raison de leur ressemblance avec les productions modernes.

Ainsi les sifflets en forme de sanglier de cette collection sont-ils maintenant réattribués au xve ou au xvie siècle. Très proches du dessin de 1784 reproduit ci-dessus (ill. 8), on peut douter du fait que l’auteur du dessin, Ignazio Paterno Castello, prince de Biscari, né en 1719, qui réalisa de nombreuses fouilles en Sicile et constitua ainsi un important musée d’antiquités, ait fouillé à l’époque les couches médiévales.

En plus de ces sifflets dont le contexte de découverte est incertain, de nombreux autres objets, trouvés a contrario dans un contexte chronologique sûr, sont interprétés comme étant des sifflets alors que cette fonction reste incertaine faute de conduit d’air aménagé.

Le modèle le plus répandu de ces objets est en forme de poule ou simplement d’oiseau. Les premières découvertes de tels objets datent du xixe siècle. Le musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye en possède une série importante trouvée en forêt de Compiègne sous Napoléon III. Leur particularité est de ne pas avoir d’embouchure à conduit d’air aménagé. Un simple trou est percé au milieu du dos de l’oiseau et, le plus souvent, également un petit trou dans la tête60. De telles figurines se rencontrent aussi en Argonne, en Espagne (Mérida) ou encore au Luxembourg61.

Sifflet globulaire, Antiquité ? Trou d’insufflation dans la tête. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Ill. 16 : Sifflet globulaire, Antiquité ? Trou d’insufflation dans la tête.
Coll. particulière. © Pierre Catanès

Le trou ouvert sur le dos est peu pratique pour souffler sur le bord et la paroi de ce trou est rarement en biseau ce qui ne facilite pas l’émission du son. Même quand on arrive à obtenir un son, le trou dans la tête de l’oiseau est trop petit pour le moduler. Il est plus vraisemblable qu’un sifflet de bois, d’os ou même de céramique ait été inséré dans ces oiseaux qui auraient ainsi fonctionné parfaitement comme des sifflets à eau62.

Une autre théorie est possible, car nous avons constaté sur un sifflet de ce modèle, conservé dans une collection privée en Allemagne (ill. 16), que l’objet fonctionnait parfaitement comme un sifflet globulaire en soufflant par la tête, l’air se brisant sur l’arrête du trou du dos63. Nous n’avons pu reproduire cette expérience sur d’autres objets de ce type pour savoir si ce fonctionnement était accidentel ou volontaire.

Il est intéressant de constater le nombre important d'objets similaires retrouvés sur le même site : vingt-quatre en forêt de Compiègne et plus d’une dizaine dans l’amphithéâtre de Mérida. Ce nombre important ne correspond pas à la découverte fortuite d’un jouet d’enfant. Comme il ne s’agit pas non plus d’objets trouvés dans des tessonières de potiers, on pourrait supposer que ces sifflets étaient utilisés lors d’une fête comme cela a été pratiqué ultérieurement au Nouvel An ou lors de certains pèlerinages.

Les sifflets ne font donc pas partie des jouets courants du monde antique comme il a été trop souvent écrit. Ils n’en sont pas absents pour autant et plusieurs sifflets trouvés dans des contextes archéologiques le démontrent. Parmi les sifflets gallo-romains retrouvés en France, un sifflet globulaire provient d’une tombe à incinération64. Sa fonction de sifflet est indiscutable car le conduit d’air de l’embouchure est aménagé. Il avait sans doute une double fonction, car des protubérances d’argile sur le corps laissent penser qu’il pouvait également servir de hochet65.

Sifflet globulaire à 2 trous de jeu, personnage chevauchant un oiseau ? Méditerranée orientale ?, VIe-Ve siècle av. J.-C. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Ill. 17 : Sifflet globulaire à 2 trous de jeu, personnage chevauchant un oiseau ? Méditerranée orientale ?, vie-ve siècle av. J.-C.
Coll. particulière. © Pierre Catanès

Les autres sifflets de la période romaine dont nous pouvons être sûrs sont en forme d’oiseau comme c'est souvent le cas aujourd’hui encore. C’est le cas d’un sifflet en forme d’oiseau sur base tronconique trouvé en 1950 à Sepino (région du Molise, Italie)66. Bon nombre de sifflets de collections particulières sont sans doute des objets antiques (ill. 17) mais l’absence de données sur leur lieu de découverte rend impossible leur utilisation pour améliorer la connaissance sur la production de sifflets dans le monde antique.

Comme on le constate, la connaissance sur les sifflets pendant l’Antiquité est très parcellaire. Attestés dans une large partie de l’Europe, il ne s’agissait cependant pas d’un jouet usuel. Leur utilisation reste à définir. Étaient-ce des objets rituels ?

Le Moyen Âge67

Le premier Moyen Âge (ve-xie siècle)

L’absence de sifflet connu en Europe avant le xe siècle a donné lieu à bien des théories, puisque ces objets sont bien attestés à la période antique. Heide Nixdorff68 a ainsi proposé leur réintroduction pendant les croisades ou encore à partir du monde arabe via l’Espagne.

Dans les années 1970, le haut Moyen Âge était présenté comme un âge sombre où auraient disparu soudainement les techniques et arts antiques. La réintroduction en Europe des avancées technologiques perdues se serait faite à partir du monde arabe. La vision actuelle de la période mérovingienne a heureusement beaucoup évolué. Les siècles mérovingiens ont vu la transformation d'un monde antique en un monde médiéval caractérisé par la fusion des cultures latines et franques. Il ne faut pas pour autant sous-estimer l’impact des troubles qui marquèrent le ve siècle ainsi que les changements importants de société. Les grands ateliers potiers gallo-romains, tournés vers une exportation massive, ont disparu pour être remplacés par de petits ateliers tournés vers une clientèle locale. Peut-on imaginer que, dans cette mutation, la fabrication des sifflets se soit éteinte en Europe ? Une telle vision de l’effondrement de l’Empire romain serait très centrée sur l’Europe occidentale car l’Empire d’Orient a résisté jusqu’à la prise de Constantinople et rien n’expliquerait la disparition des sifflets dans toute l’Europe.

L’archéologie n’apporte pas de réponse actuellement. Plusieurs sifflets globulaires ont été trouvés dans la zone côtière de la province de la Frise aux Pays-Bas (Stavoren et Franeker) et ont été parfois datés du ixe ou xe siècle69. Leur datation est contestée. Ils possèdent un résonateur sphérique, prolongé par un long tuyau comme les sifflets de marine. Certains chercheurs les ont datés entre la deuxième moitié du viiie et le xie siècle alors que d'autres, partant du principe que cette forme est inconnue à cette époque en Europe, y ont vu des objets d'importation postérieurs au xvie siècle en les rapprochant de modèles semblables connus de la culture Chimu (vers l'an 1000) du Pérou70. P.C.J.A. Boeles, spécialiste de la Frise, y voyait quand à lui des objets d’importation dans cette région mais les datait entre la deuxième moitié du viiie et le xie siècle71. La découverte, en 1971 à Sneek, d’un sifflet semblable dans un contexte tardif (1600-1700)72, laisse penser que ces objets ne témoignent effectivement pas d’une production médiévale mais bien d’une production tardive. Il faut sans doute y voir une copie en terre cuite des sifflets de marine métalliques utilisés dans toute l’Europe davantage que de celle des sifflets précolombiens. Les sifflets du premier Moyen Âge restent à découvrir, si toutefois ils ont existé.

Le second Moyen Âge (xiie-xvie siècle)

Les découvertes archéologiques de sifflets en céramique se multiplient à partir du xiiie siècle, dans la majorité des pays européens. Leur utilisation fréquente comme jouets d’enfant ou comme instruments du charivari est confirmée par plusieurs sources écrites.

Les plus anciens sifflets en terre cuite retrouvés pour cette période proviendraient de Russie où ils ont été mis au jour suite à la fouille de tumulus datés des xie ou xiie siècle73. Un sifflet du xiie siècle a été trouvé au Danemark, à Kalundborg, ville située au nord-ouest de l’île de Seeland74. Représentant un oiseau en terre blanche non glaçurée, il est décoré de traits bruns d’oxyde de fer évoquant le plumage. Son attribution à un centre normand par G.C. Dunning75 reste fragile. De nombreuses céramiques médiévales trouvées autour de la mer du Nord ont été attribuées à la Saintonge ou à la Normandie alors qu’aujourd’hui, de nouvelles découvertes permettent d’en voir l’origine dans les anciens Pays-Bas ou en Allemagne.

En France, les découvertes les plus anciennes proviennent du château de Caen et datent de la fin du xiiie-début du xive siècle. Il s’agit de deux sifflets à eau dont l’un est en forme d’oiseau76. C’est également de cette période que datent les plus anciens sifflets médiévaux trouvés en Flandres ou en Italie.

La description des fêtes du Nouvel An de Rome en 1143, qui montre les enfants allant de porte en porte avec des sifflets en céramique en forme de masque, indique que les sifflets y étaient déjà courants. En Espagne, le traité juridique du xve siècle condamnant l’usage des jouets en terre cuite s’appuie sur une condamnation antérieure du xie ou xiie siècle, ce qui nous laisse penser que ces jouets devaient y être également fréquents.

Ces deux sources écrites mentionnent un usage lors de fêtes de plein air, peu propices à la conservation des sifflets. Cela pourrait expliquer la rareté des témoignages archéologiques pour les premiers siècles de cette période. Quand le sifflet entrera comme jouet dans les intérieurs des classes sociales plus aisées, la probabilité qu'il finisse dans un dépotoir sera plus grande, augmentant du même coup celle qu'il parvienne jusqu’à nous. Peu fréquents aux xiie et xiiie siècles, les sifflets en céramique des xive et surtout des xve et xvie siècles trouvés lors de fouilles sont à l’inverse extrêmement nombreux en Europe. Il est difficile d’expliquer cette différence par le seul hasard des découvertes. On peut supposer qu’à partir de la fin du premier Moyen Âge, les sifflets ont été offerts comme jouets dans les milieux seigneuriaux, car les sifflets les plus anciens ont généralement été trouvés en milieu castral. Peu à peu, ils se sont diffusés dans les milieux plus bourgeois, et les sifflets des xve et xvie siècles se retrouvent dans les dépotoirs ou dans les fouilles des maisons bourgeoises. On peut penser qu’il s’agit là d’une modification progressive de la place de l’enfant dans la société médiévale, qui se voit offrir des jouets de plus en plus élaborés. Le caractère ludique de ces sifflets médiévaux est confirmé par le fait qu’il s’agit en majorité de sifflets à eau ou de sifflets tubulaires en forme de cheval ou de cavalier. Il est fort probable que, comme aujourd’hui, l’enfant au Moyen Âge était d’abord attiré par les rossignols ou les cavaliers sur les étals des marchands.

Il est impossible de présenter ici les multiples découvertes de la fin du Moyen Âge. On en présentera simplement ici un exemple, car il est exceptionnel de pouvoir connaître les propriétaires des sifflets médiévaux. En 2003, fut découvert dans le dépotoir de la maison familiale de Martin Luther (1483-1546) à Mansfeld un sifflet en terre cuite en forme d’oiseau77 dont on peut supposer qu’il fut un des jouets de Luther ou de ses frères et sœurs. L’étude des découvertes de cette fouille a permis de déterminer que la famille de Luther appartenait à un milieu très aisé.

Sifflet à eau, tête de chevalier, Belgique ou nord de la France, XVe siècle. Lille, musée des Beaux-Arts (C. 2058). © Pierre Catanès

Ill. 18 : Sifflet à eau, tête de chevalier, Belgique ou nord de la France, xve siècle. Lille, musée des Beaux-Arts (C. 2058). © Pierre Catanès

Sifflet à eau, tête d’évêque, Belgique ou nord de la France, XVe siècle. Lille, musée des Beaux-Arts (C. 2061). © Pierre Catanès

Ill. 19 : Sifflet à eau, tête d’évêque, Belgique ou nord de la France, xve siècle. Lille, musée des Beaux-Arts (C. 2061). © Pierre Catanès

Au-delà de la quantité très élevée de sifflets retrouvés en Europe datant de la fin du Moyen Âge, il faut relever la grande variété des formes de ces objets. À côté des classiques poules et oiseaux, on trouve ainsi des poissons, des chiens, des croissants de lune, etc. Chaque potier rivalise d’imagination pour tourner et modeler des sifflets anthropomorphes en forme de tête de chevalier (ill. 18), d’évêque (ill. 19), d’homme barbu mais aussi de cavalier ou de femme chevauchant en amazone. À cette époque apparaissent aussi les sifflets à eau en forme de cruche dont la variété est infinie.

Il est cependant probable que la majorité des sifflets médiévaux ont été de simples petits sifflets aviformes. Les sifflets « de luxe » ont simplement eu plus de chances d’être conservés dans les maisons bourgeoises et de finir ensuite dans les dépotoirs. Ces sifflets étaient diffusés dans des zones assez vastes. Ainsi les sifflets en forme de cavalier moulés du Beauvaisis se rencontrent-ils dans une large zone de la France du Nord et même jusqu’à Bourges, où un tel sifflet a été trouvé dans les fossés du palais Jacques-Cœur78. Il en est de même des sifflets en forme de tête de fou produits à Raeren (Belgique) ou des têtes d’homme barbu largement diffusées dans le nord de la France par exemple.

À Londres, les rives de la Tamise ont livré de multiples fragments de sifflets venant des anciens Pays-Bas (ill. 20 et 21).

Modèle courant de sifflet à eau en forme de chouette découvert aux Pays-Bas, 1575-1625. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Ill. 20 : Modèle courant de sifflet à eau en forme de chouette découvert aux Pays-Bas, 1575-1625.
Coll. particulière. © Pierre Catanès

Fragment de sifflet découvert à Londres, rives de la Tamise. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Ill. 21 : Fragment de sifflet découvert à Londres, rives de la Tamise.
Coll. particulière. © Pierre Catanès

Il existe souvent une production de sifflets locale proche des endroits où ont été trouvés ces sifflets « importés ». Il ne s’agit donc pas d’une production importée faute de fabricants locaux. Il est plus vraisemblable que la clientèle aisée a apprécié ces sifflets de fantaisie pour leurs enfants. De plus, le sifflet est un objet de petite taille bien adapté à la vente par colportage.

Du xviie au xxe siècle

Peu de sifflets des xviie et xviiie siècles sont connus en France mais en Espagne, aux Pays-Bas ou en Grande-Bretagne, de telles découvertes sont nombreuses. Ces couches archéologiques sont inégalement étudiées lors des fouilles ce qui explique sans doute cette répartition très inégale en Europe.

Plusieurs exemples permettent de constater que de nombreux ateliers médiévaux ont continué sans interruption leur production de sifflets jusqu’au xixe siècle et même jusqu’au xxe siècle. Par exemple, en Espagne, à Lorca (Murcie), un atelier de potier découvert en 2006 a livré un ensemble important de sifflets et figurines datés des xviie et xviiie siècles79. Les similitudes de certains sifflets sont nombreuses, même dans les détails, avec d’autres sifflets des xive-xve siècles trouvés à l’Alhambra de Grenade80, dans l’Andalousie voisine, ce qui laisse supposer une continuité de cette production.

On constate parfois une baisse de la qualité des sifflets réalisés après le xvie siècle. Il en est ainsi par exemple d’un modèle de sifflet à eau tourné où une figure anthropomorphe est estampée à la place de la tête. On rencontre beaucoup de ces sifflets découverts dans la vallée de la Seine (ill. 22). Dans les exemplaires du xvie siècle, les figures des personnages sont bien détaillées et très lisibles81, quand les exemplaires découverts près du lieu probable de production et datés du xviie siècle (ill. 23) ont des traits à peine esquissés82. Ce déclin est-il général ?

Reproduction d’un modèle de sifflet anthropomorphe de La Chapelle-aux-Pots (Oise) du XVIe siècle par Véronique Durey, archéologue et céramiste à La Chapelle-Saint-André (Nièvre). © Pierre Catanès

Ill. 22 : Reproduction d’un modèle de sifflet anthropomorphe de La Chapelle-aux-Pots (Oise) du xvie siècle par Véronique Durey, archéologue et céramiste à La Chapelle-Saint-André (Nièvre).
© Pierre Catanès

Sifflet à eau anthropomorphe, La-Chapelle-aux-Pots (Oise), attribué au XVIIe siècle. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Ill. 23 : Sifflet à eau anthropomorphe, La-Chapelle-aux-Pots (Oise), attribué au xviie siècle.
Coll. particulière. © Pierre Catanès

La variété de formes constatée au xvie siècle diminue. On ne rencontre plus de sifflet en forme de tête de personnage dans le nord de la France ou dans les Flandres. On peut émettre l’hypothèse que de nouveaux jouets ont supplanté les sifflets dans les foyers les plus aisés. La terre vernissée est concurrencée par la faïence et, bien que des sifflets aient été produits en faïence ou en porcelaine, cette production reste limitée.

Domenico ou Diego Poloniato, interprétation contemporaine d’un modèle traditionnel de sifflet de Vénétie : le soldat à cheval, Nove, Vénétie, Italie, fin du XXe siècle. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Ill. 24 : Domenico ou Diego Poloniato, interprétation contemporaine d’un modèle traditionnel de sifflet de Vénétie : le soldat à cheval, Nove, Vénétie, Italie, fin du xxe siècle.
Coll. particulière. © Pierre Catanès

Au xixe siècle, la production est très importante et la densité des centres de fabrication est forte dans toute l’Europe. Les témoignages sont multiples qui confirment la grande diffusion de ces jouets dans les campagnes et les villes. C’est pourtant dès cette époque que beaucoup de centres potiers ferment et avec eux, la production locale des sifflets disparait. Ce mouvement est masqué dans un premier temps par l’essor d’ateliers produisant des sifflets en terre cuite à bas coût. En France, c’est le cas de Prévelles (Sarthe), de la vallée du Rhône ou de Vallauris (Alpes-Maritimes) par exemple. Des centaines de milliers de sifflets identiques sont vendus dans tout le pays. On retrouve la domination de ces grands centres de production de sifflets dans bien des pays. Ainsi, en Allemagne, les ateliers du Westerwald produisent en série de multiples modèles moulés en terre à pipe exportés en Grande-Bretagne.

Il est difficile de définir si ces grands ateliers produisant à bas coût ont précipité la fermeture des ateliers locaux ou si cette fermeture leur a ouvert des marchés de plus en plus lointains. Sans doute ces deux phénomènes ont été simultanés. Le développement des transports a favorisé le regroupement des ateliers potiers. Modernisant la production, et s'appuyant sur les catalogues de vente et le chemin de fer, quelques potiers arrivent à produire à faible coût et développent des ateliers semi-industriels.

À des périodes variables selon les pays allant du milieu du xixe siècle au milieu du xxe siècle, ce phénomène de regroupement se constate partout en Europe avant que, à leur tour, ces grands ateliers de poterie ne déclinent, concurrencés par les matériaux nouveaux. La collection du MuCEM, constituée en majorité à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle, reflète ainsi l’importance de ces grands centres européens d’où les sifflets viennent en majorité. Le sifflet en terre cuite comme jouet traditionnel disparaît alors avant de renaître dans de nombreux pays comme souvenir touristique ou comme objet de collection (ill. 24).

Conclusion

Presque invisibles dans les études bibliographiques ou iconographiques historiques, les sifflets en terre cuite n’ont que peu intéressé les archéologues jusqu’à aujourd’hui. Ces objets, témoins de la vie familiale quotidienne, sont pourtant des indicateurs précieux pour connaître la continuité de certains centres potiers. Ils sont aussi un des éléments qui peuvent sans doute refléter la permanence des peuplements en Europe sur des siècles, voire sur des millénaires. En effet, là où les objets de prestige retrouvés révèlent les influences culturelles que connaissent les civilisations, ces objets qui appartiennent au monde de l’enfance n’évoluent que très peu.

La difficulté de leur étude vient du fait que leurs découvertes sont rares et souvent isolées, aussi les archéologues ne disposent-ils que rarement de pièces de comparaison. Les bases de données et la mise à disposition sur Internet des rapports de fouilles permettront sans doute de mieux comprendre à l’avenir comment le sifflet en terre cuite s’est diffusé en Europe depuis le Néolithique jusqu’à aujourd’hui.

Pierre Catanès

1 Paul Valéry, « Variations sur la céramique illustrée », Pièces sur l’art, Gallimard, 1934, p. 221-228.

2 Oscar-Edmond Ris-Paquot, La Céramique musicale et instrumentale, A. Lévy, 1889, p. 182-184 et planches 41 et 42.

3 Le Musée instrumental est l’ancêtre du musée de la Cité de la musique. Clapisson en fut le premier conservateur. Cf. Florence Gétreau, Aux origines du musée de la Musique : les collections instrumentales du Conservatoire de Paris. 1793-1993, Paris, Klincksieck / Réunion des musées nationaux, 1996.

4 Le Catalogue de la curieuse collection de sifflets, instruments de musique parmi lesquels une magnifique épinette du xvie siècle et objets de curiosité de feu M. Clapisson du 12 mai 1866 comporte 164 lots dont 70 lots de sifflets. Ses descriptions sont assez précises pour les sifflets en matériaux précieux (ivoire, corail, argent, ébène, verre, etc.) mais des 58 sifflets en terre vendus en 8 lots, on sait seulement qu’il y avait 19 sifflets en terailles (sic) représentant des caricatures et des figures d’animaux, 5 de formes variées en terre et en grès, 13 en terre cuite de formes variées de travail mexicain, un en faïence de Delft, 17 en porcelaine de formes et de fabriques variées et un « petit sifflet en porcelaine de Chine, forme de coquille bivalve entrouverte, avec figurine dans l’intérieur ». Espérons qu’un jour réapparaîtront dans une collection privée les deux sifflets en terre en forme de caricature du duc de Bedford et de caricature d’Henri IV.

5 Par exemple, Georges Duval écrit dans Mémoires d’un Parisien – Première période, Flammarion, non daté, p. 19 : « O cher monsieur Clapisson ! Ame tendre dont les héroïnes préféraient infailliblement aux rubans “un bleuet cueilli dans l’herbe” ! Musicien aux proportions si étroites que Janin vous accusait de réaliser des économies sur le papier à musique ! Paisible collectionneur de sifflets, plus par originalité que prévoyance puisque vous n’eûtes jamais à les redouter. »

6 Discipline fondée au xixe siècle basée sur l'étude des savoirs (lore) du peuple (folk).

7 François Daleau s’est formé en anthropologie auprès de Paul Broca et était ami du folkloriste Paul Sébillot.

8 Cette lettre est reproduite dans Fernando Ferraz de Macedo, « Ceramica popular portuguesa: assobios de agua », Revista Lusitana, vol. III, Porto, 1894, p. 82-84.

9 Plusieurs photographies de ce musée reproduites dans L’Album du Bourgeais de François Daleau, (Édition des Amis du Vieux Bourg, décembre 1997, ill. p. 17-18) témoignent de cette collection.

10 Ce préparateur, auteur de Le sort de la femme dans la société ancienne et moderne et les causes qui font qu’en général elle manque de travail (Chaumont, Roret, 1883), participe aussi à plusieurs fouilles archéologiques.

11 Le docteur Arthur Bordier, titulaire de la chaire de géographie médicale à l’École d’anthropologie de Paris et au Collège de France a été membre en 1876 de la Société d’anthropologie de Paris dont il fut président en 1892. Il fut nommé en 1894 directeur de l’école de médecine de Grenoble et fonda la Société dauphinoise d’ethnologie et d’anthropologie. Il fait partie, avec le folkloriste Paul Sébillot (1821-1898), des rédacteurs de la revue L’Homme. Journal illustré des sciences anthropologiques (1884-1887).

12 Arthur Bordier, « Du sifflet chez les peuples primitifs », La Nature, 1892, p. 227-230, 241-243.

13 Les sifflets illustrant cet article viennent de la collection de Félix Flandinette.

14 Paul Sébillot n’a publié aucune étude sur les sifflets. Il possédait dans son importante collection de jouets et ustensiles populaires des sifflets en terre. Lors de l’exposition en 1892 sur les Arts de la femme à laquelle participa la Société des traditions populaires, il a exposé plusieurs de ses sifflets (Paul Sébillot, « La section des traditions populaires à l’exposition des arts de la femme », Revue des traditions populaires, t. VII, nos 8-9, août-septembre 1892, p. 457-473).

15 Ernest Closson, « Les sifflets en forme d’oiseau », Le Folklore brabançon, no 39, décembre 1927, Éd. Service de recherches historiques et folkloriques de la province de Brabant, p. 181-183, ill. p. 176.

17 Heide Nixdorff, Tönender Ton. Tongefäßflöten und Tonpfeifen aus Europa, Berlin, Staatlicher Museen Preußischer Kulturbesitz, 1974, p. 10-12.

18 Heide Nixdorff utilise comme source l’article Crepundia de Charles Daremberg et Edmond Saglio, Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, t. i, 2e partie (C), Paris, Hachette, 1887, p. 1561 où les sifflets reproduits sont, au mieux, de l’époque romaine.

19 Mohamed Talbi, « Quelques données sur la vie sociale en Occident musulman d'après un traité de hisba du xve siècle », Arabica, T. 1, fasc. 3, sept 1954, p. 294-306.

20 Voir à ce sujet la fonction ludique du sifflet dans « Le sifflet, usages et symboles ».

21 Marie-Barbara Le Gonidec, « Fiche Univers musical de l’homme préhistorique » dans Instruments sonores du Néolithique à l'aube de l'Antiquité, Cahier XII (fiches de la Commission de nomenclature sur l'industrie de l'os préhistorique), Tinaig Clodoré-Tissot, Marie-Barbara Le Gonidec, Denis Ramseyer et Caroline Anderes, Paris, Société préhistorique française, 2009, p. 9-22.

22 Xavier Boutillon, Michel Dauvois, Benoît Fabre et Marc-Pierre Verge, « Son et musique au Paléolithique », Pour la science, no 253, nov. 1998.

23 Pour les phalanges sifflantes et les flûtes préhistoriques, on pourra lire Michel Dauvois, « Son et musique Paléolithiques », La musique dans l’Antiquité, Les dossiers d’archéologie, no 142, novembre 1989, p. 2-11.

24 Cf. Tinaig Clodoré-Tissot, Marie-Barbara Le Gonidec, Denis Ramseyer et Caroline Anderes, Instruments sonores du Néolithique à l'aube de l'Antiquité, Cahier XII (fiches de la Commission de nomenclature sur l'industrie de l'os préhistorique), Paris, Société préhistorique française, 2009.

25 Type 421.13 de la classification de Hornbostel-Sachs : flûte-récipient sans conduit d’insufflation. Cf. « Typologie du sifflet européen ».

26 Otto Seewald, « Eine jungneolithische Gefässflöte vom Hochber in Perchtoldsdorf, Niederösterreich », Acta Praehistorica, Buenos-Aires, 1965, p. 176-183.

27 Pál Raczky et Gábor Bándi, Les agriculteurs de la grande plaine hongroise (4000-3500 av. J.-C.), fouilles de Hódmezővásárhely-Gorzsa, Szegvár-Tűzköves, Öcsöd-Kováshalom, Vésztő-Mágor, Berettyóújfalu-Herpály et trouvailles, cat. exp. Dijon, Musée archéologique, 1991, p. 97 et ill. p. 110.

28 Trajanka Jovcevska, Globular flute, Archaeological site Mramor near Cashka, Cultural Heritage Protection Office, Éd. Dance Golubovska, 2011.

29 On peut citer ainsi un sifflet découvert dans l’Eure et daté du Néolithique moyen ou d’autres en silex trouvés au Danemark. Voir à ce sujet Tinaig Clodoré, « De la préhistoire à l’âge du bronze (9000-2300 avant J.-C.) », Préhistoire de la musique, cat. exp. Nemours, musée de Préhistoire d'Île-de-France, 2002, p. 47-56.

30 Type 421.221.11 de la classification de Hornbostel-Sachs. Cf. « Typologie du sifflet européen ».

31 Dragomir Popovici, Bernard Randoin et Yannick Rialland, « Le tell néolithique et chalcolithique d’Hârsova (Roumanie) », Communautés villageoises du Proche-Orient à l'Atlantique (8000-2000 avant notre ère) : séminaire du Collège de France., Paris, 2001, p. 119-150.

33 Cette précision est donnée dans Thomas Wilson, « Prehistoric Art; or, the Origin of Art as manifested in the Works of Prehistoric Man », Annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian institute for 1896, Washington, Government Printing Office, 1898, p. 525.

34 Alfred Bequet, « La forteresse de Furfooz », Annales de la société archéologique de Namur, vol. XIV, Namur, 1877, p. 399-417, illustration du sifflet p. 360.

35 Karl Kromer, Das Gräberfeld von Hallstatt, Florence Sansoni, 1959.

36 Hampel József, Trouvailles de l’âge de bronze en Hongrie, Budapest, musée national hongrois, 1886.

37 Otto Seewald, « Eine bronzezeitliche Gefässflöte aus Vörösmart, Kom. Baranya, Ungarn », Acta Praehistorica II. Centro Argentino de Estudios Prehistóricos, Buenos Aires, 1958, p. 111-120.

38 Tadeusz Malinowski « Archaeology and musical instruments in Poland », Word Archaeology, vol. 12, no 3, 1981, p. 267.

39 Juan F. Blanco García, « La Edad del Hierro en Sepúlveda (Segovia) », Zephyrus, vol. 51, 1998, p. 137-174.

40 Ce sifflet se trouve au musée de Álora « Rafael Lería », inv. MA-822 et provient d’une découverte de surface. Sa fonction comme sa chronologie demeurent incertaines.

41 Casja Lund, « The archaeomusicology of Scandinavia », Word Archaeology, vol. 12, no 3, 1981, ill. p. 258.

42 Heide Nixdorff parle de sifflets à embouchure à conduit d’air aménagé trouvés en Haute-Égypte (Tönender Ton, p. 10) et de sifflets en forme de fruit plus anciens (3300 av. J.-C.) sans conduit d’air aménagé.

43 Un sifflet a été trouvé en 1860 à Borsippa près de Babylone. Il a malheureusement disparu des collections du Museum of the Royal Asiatic Society de Londres (Francis W. Galpin, The Music of the Sumerians and their immediate successors, the Bablylonians and Assyrians, Cambridge, 1937, p. 14, ill. 2 planche IV).

44 Mirjam Andres, Die Antikensammlung. Griechische, römische, altorientalische Puppen und Verwandtes, Hessiches Puppenmuseum Hanau-Wilhelmsbad, Hanau, 2000, notices 17, 18, 19, p. 40-42.

45 Simone Mollard-Besques, Catalogue raisonné des figurines et reliefs en terre cuite grecs, étrusques et romains, T. III : Époques hellénistique et romaine. Grèce et Asie Mineure, Paris, 1972, planche 258, ill. g et i.

46 Id. planche 206, ill. e.

47 Gaston Vuillier, Plaisirs et Jeux depuis les origines, Paris, Éd. Rothschild, 1900, p. 55.

48 Article Crepundia : Charles Daremberg et Edmond Saglio, Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, t. I, 2e partie (C), Paris, Hachette, 1887, p. 1561.

49 Ignazio Paternó Castello, prince de Biscari, Ragionamento a Madama N. N. Sopra antichi ornamenti e trastulli de’bambini, Florence, 1781, Planche II.

50 Désiré Raoul-Rochette dans son Mémoire sur les antiquités chrétiennes des catacombes, Imprimerie royale, 1839, p. 198- 207, s’appuie sur les découvertes faites au xviiie siècle par Marco Antonio Boldetti et publiées en 1720.

51 Henri Leredde et Jean-Paul Jacob, « Les potiers de Jaulges/Villiers-Vineux (Yonne) : étude d'un centre de production gallo-romain », Gallia, 1985, vol. 43, p. 167-192.
Cf. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1985_num_43_1_2825.

52 Camille Chocat, « Notice sur les fouilles (1906-1912) et les industries céramiques anciennes de Villiers-Vineux », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne, 1913, p. 161-172, ill. 11, p. 163.
Cf. http://echo.auxerre.free.fr/dossier_telechargement/Bulletin_SSHNY/Extraits/1913_N0298698_ceramique_villiers_vinneux.pdf.

53 Arthur Bordier, « Du sifflet chez les peuples primitifs », La Nature, 1892, p. 227-230 et 241-243.

54 Jacques Corrocher, « La céramique à glaçure plombifère de Vichy (Allier) », Revue archéologique du centre de la France, vol. 22, 1983, ill. 4, p. 36 et 37.
Cf. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/racf_0220-6617_1983_num_22_1_2365.

55 Voir ill. 2 de l’article « Le Berry » de ce catalogue.

56 Laura Hortelano Piqueras, « Un pito procedente de Ibiza en el Museo de Prehistoria de Valencia », SAGVNTVM (P.L.A.V.), vol. 32, Valence, Département de Préhistoire et d’Archéologie de l’Université, 2000, p. 191-194.

57 Roger Félix, « Sifflets romains en terre cuite découverts dans le Douaisis », Ogam Tradition celtique, t. XIX fasc. 3-4, Rennes, 1967, p. 209-211.

58 Jean Dufrasnes, « Quatre sifflets aviformes en terre cuite découverts dans la région de Belœil », Coup d’œil sur Belœil, vol. 13, no 97, 2004, p. 125-128.

59 Mariarosaria Barbera, « I fischietti del Museo Nazionale degli Strumenti Musicali », La terra, il fuoco, l’acqua, il soffio. La collezione dei fischietti di terracotta del Museo Nazionale delle Arti e Tradizioni Popolari, cat. exp. Rome, Ed. De Luca, 1995, p. 355-359.

60 Voir à ce sujet le paragraphe Histoire du texte sur la France.

61 Deux sifflets très proches sont exposés au musée national d’Histoire et d’Art de Luxembourg.

62 Type 421.221.312 de la classification de Hornbostel-Sachs. Cf. « Typologie du sifflet européen ».

63 Type 421.221.41 de la classification de Hornbostel-Sachs. Cf. « Typologie du sifflet européen ».

64 Catherine Homo-Lechner et Christophe Vendries, Le Carnyx et la Lyre. Archéologie musicale en Gaule celtique et romaine, cat. exp. Besançon-Orléans-Évreux, 1993, notice 110 et ill. p. 86.

65 Ces protubérances ont conduit à présenter ce sifflet comme zoomorphe mais il est plus vraisemblable qu’il s’agit seulement des prises d’un hochet.

66 Mariarosaria Barbera, « Materiali per una storia dei fischietti nell’antichità », La terra, il fuoco, l’acqua, il soffio. La collezione dei fischietti di terracotta del Museo Nazionale delle Arti e Tradizioni Popolari, cat. exp. Rome, Éd. De Luca, 1995, p. 349-353.

67 Nous retiendrons ici une chronologie distinguant le premier Moyen Âge, allant de la fin du règne du dernier empereur romain d’Occident en 476 jusqu’au xie siècle, et le second Moyen Âge, regroupant le Moyen Âge classique (xiie-xiiie siècles) et le bas Moyen Âge (xive-xve siècles). On inclura de plus dans le second Moyen Âge le xvie siècle (comme il est admis selon les contextes socio-économiques) car ce siècle, en ce qui concerne la fabrication et la diffusion des sifflets, ne marque pas de rupture avec le siècle précédent.

68 Heide Nixdorff, Tönender Ton. Tongefäßflöten und Tonpfeifen aus Europa, Berlin, Staatliche Museen Preußischer Kulturbesitz, 1974.

69 Vincent van Vilsteren, Opgedolven klanken. Archeologische muziekinstrumenten van alle tijden, Assen, Drents Museum, 1999.

70 Joan Rimmer, «  An Archaeo-organological survey of the Netherlands », Word Archaeology, vol. 12, no 3, 1981, p. 233-245.

71 Pieter Catharinus Johannes Albertus Boeles, Friesland tot de elfde eeuw, zijn vóór- en vroege geschiedenis, La Haye, Nyhoff, 1951.

72 Ce sifflet est conservé au Fries Scheepvaart Museum de Sneek (Inv. L-224).

73 Heide Nixdorff signale la découverte de sifflets globulaires aviformes du xie ou xiie siècle lors de fouilles dans des tumulus au nord-ouest de Zaraïsk. Elle précise que la découverte n’a pas encore été entièrement publiée. Un de ces sifflets est en forme de coq. Nous n’avons pas pu trouver d’autres références pour cette découverte.

74 Illustration p. 28 de Lone Munkgaard, Piv-i-røv. Hulrumsfløjter af ler. Copenhague, Éd. Nationalmuseet, 1985.

75 Gerald Clough Dunning, « The Trade in Medieval Pottery around the North Sea », Rotterdam Papers. A contribution to Medieval Archaeology, Réd. J.G.N. Renaud, Rotterdam, 1968, p. 35-58. Cette indication est donnée par Heide Nixdorff. ibid. p. 25.

76 Pascal Leroux, « Les sources archéologiques. », Mémoires du château de Caen, cat. exp. Caen, musée de Normandie, 2000, notices 207 et 208, p. 155.

77 Andrea Stahl et Björn Schlenker, « Lutherarchäologie in Mansfeld. Aufgaben und Perspektiven der Lutherarchäologie in Sachsen-Anhalt », Fundsache Luther Archäologen auf den Spuren des Reformators, Éd. Harald Meller, 2008, p. 120-131, Notice C 60, p. 191 et ill. p. 192. (catalogue d’exposition du 31/10/2008 au 26/04/09 au Landesmuseum für Vorgeschichte, Halle, Allemagne).

78 No inv. 1960.27.1, Bourges, musée du Berry.

79 Juan Gallardo Carrillo, María Dolores Párraga Jiménez, Ana Rufina Llorach Asunció et Pedro Pérez Mulero; «  Un conjunto de silbatos y figurillas de época moderna del alfar de avenida Santa Clara (Lorca, Murcia) », Alberca: Revista de la Asociación de Amigos del Museo Arqueológico de Lorca, no 9, 2011, p. 135-161.

80 Isabel Flores Escobosa, Guillermo Rosselló Bordoy et Ana Dolores Navarro Ortega (dir.), Del Rito al Juego, cat. exp. Museo de Almería, Séville, Éd. Junta de Andalucía. Consejería de Cultura, 2006.

81 Notice 227 et illustration p. 229 du catalogue d’exposition de Sandrine Berthelot, Jean-Yves Marin et Monique Rey-Delqué (textes réunis par), Vivre au Moyen Âge. Archéologie du quotidien en Normandie, xiiie-xve siècles, cat. exp. Caen-Toulouse-Évreux, coédition Milan, 5 continents Éditions et Caen, musée de Normandie, 2002. Ces figurines, de provenance inconnue, sont présentées comme datant du xiiie au xve siècle mais sont sans doute plus tardives.

82 Marie-Christine Lacroix, « Aménagement d’une pâture à La Chapelle-aux-Pots (Oise) : structures et mobilier des xvie-xviie siècles », Bulletin du groupe de recherches et d’études de la céramique du Beauvaisis, no 18, Beauvais, 1996, p. 149-194.