- Préface
- Remerciements
- 11/11
Avertissement
La collection
Ce site présente l’ensemble des sifflets en terre cuite de la collection du musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) à l’exclusion des ocarinas qui, s’ils sont pourtant bien en terre, relèvent d’une autre catégorie instrumentale en raison de leurs nombreux trous de jeu.
La collection du MuCEM est constituée de deux fonds initiaux : celui, français, du musée national des Arts et Traditions populaires (MNATP, 1937-2005) et celui, européen, du musée de l’Homme (MH, 1937-2009). Les objets provenant de ce dernier portent le préfixe DMH (D signifiant « dépôt »). Aucune lettre n’a été ajoutée devant le numéro d’inventaire des objets français de l’ancien MNATP, car le MuCEM se situe dans le prolongement de ce dernier, dont il a hérité les collections lors de sa création en 2005. Le système de numérotation permet donc de connaître la provenance de l’objet (MH, MNATP ou MuCEM à partir de 2005). La série de trois chiffres est celle qu’a mise en place Georges Henri Rivière dans les années 1930, à savoir l’année d’acquisition, le numéro de collection dans l’année, le numéro de l’objet dans la collection. Ainsi, l’objet inventorié 1963.12.25 est-il le vingt-cinquième objet de la douzième collection de l’année 1963.
Certains des sifflets de ce catalogue ont fait partie d’expositions permanentes, au MNATP et au MH. D’autres ont été présentés lors de manifestations temporaires. Moins d’un quart seulement furent montrés entre l’Exposition universelle de 1889 (qui permit d’acquérir les sifflets qui comptent parmi les plus anciens) et « Trésors du quotidien » (Marseille, 2007). Aussi cette publication permettra-t-elle d’en découvrir bien d’autres, dont l’extrême variété étonnera.
Les sifflets révèlent en effet imagination et créativité, tout en restant inscrits dans une tradition donnée. C’est bien la raison pour laquelle ce sont dans des musées d’ethnographie qu’on les retrouve. Il ne s’agit pas d’objets « individuels » mais « sociaux », que l’on pourrait qualifier d’objets « en série », si ce sens n’était pas plutôt réservé à l’industrie. Il en est donc des sifflets comme des autres objets artisanaux : si l’on identifie le style de tel potier ou de tel autre, ils évoquent toujours un terroir et un style, ce qui n’empêche pas l’évolution et encore moins la créativité, mais dans le cadre de règles propres au groupe social qui font qu’il reconnaît ces objets comme les siens.
Les traditions ici représentées sont avant tout celles de l’Europe – dont la France fait partie. En effet, si pour nourrir sa réflexion et enrichir ses collections le MuCEM a déjà acquis, entre 2005 et cette année 2013 où il voit le jour dans de nouveaux bâtiments à Marseille, des objets des rives est et sud de la Méditerranée, il ne possède encore aucun sifflet de ces régions qui n’en sont pas pour autant dépourvues, loin de là.
En raison de la préparation des objets pour le transfert des collections vers Marseille, qui a commencé à Paris dans les locaux de l’ancien MNATP dès l’année 2005, nous n’avons pas pu avoir accès à tous les sifflets. Aussi une centaine de sifflets ont-ils été étudiés uniquement à partir de leurs fiches d’inventaire et de la photographie accompagnant cette fiche.
Pour cette même raison, tous n’ont pas pu faire l’objet d’une prise de vue par un photographe professionnel car la plupart étaient déjà en caisse quand cette opération a pu être lancée. Cela explique la différence entre les clichés : certains sifflets ont été photographiés en réserve dans le cadre de l’étude, d’autres sont passés dans la chaîne du chantier des collections pour une prise de vue documentaire rapide, tandis que d’autres encore ont pu faire l’objet d’une couverture photographique en studio professionnel.
Enfin, un petit nombre de sifflets des collections du MuCEM sont en dépôt dans d’autres musées. Ils ont été intégrés dans la mesure du possible.
Les notices
Chaque sifflet de la collection fait l’objet d’une notice dans ce catalogue.
Les notices sont divisées en cinq zones. La première zone comprend une courte description et le nom vernaculaire désignant le sifflet dans son pays ou sa région de production.
Le pays, la région administrative et la localité sont ceux de la production de l’objet. Ces renseignements sont complétés par la période de production et éventuellement le nom de l’auteur du sifflet.
Dans certains cas, la région historique ou la province complète ou remplace les localisations actuelles. En effet, ces régions sont aujourd’hui souvent éclatées sur plusieurs régions administratives, voire sur des pays différents. Aussi, quand le lieu exact de production est inconnu, il n’est pas possible de trancher entre les différentes régions actuelles qui recouvrent l’ancienne province ou région historique.
L’attribution d’un sifflet à un lieu de production et à un auteur ainsi que sa datation sont extrêmement difficiles. Ces données n’étaient pas toujours présentes dans les inventaires des collections du MNATP ou du MH ou bien, dans de nombreux cas, le collecteur de l’objet a indiqué le lieu de collecte et non le lieu de production, parfois très éloigné.
Pour connaître cette origine, chaque objet a été comparé avec les sifflets européens connus par la bibliographie, avec les collections de nombreux musées européens, enfin avec quelques grandes collections privées dont certaines regroupent des milliers de sifflets. Comme dans le cas des inventaires du MNATP ou du MH, les indications de provenance de ces collections peuvent être erronées et sont parfois contradictoires. Nous avons choisi de privilégier les indications locales. Par exemple, si un même modèle de sifflet suédois est présent dans plusieurs musées européens, l’attribution donnée par le musée suédois a été retenue, sauf si le sifflet d’un autre musée a été acquis dans des conditions fiables sur le lieu de production. Malgré cette base de connaissances comportant plus de dix mille sifflets, il n’est pas toujours possible d’avoir une certitude sur le lieu de production. Dans les commentaires de la notice, nous donnons les éléments ayant permis les attributions, ainsi que les incertitudes qui nous semblent demeurer.
Les dates de fabrication sont également difficiles à déterminer. Les mêmes sifflets ont été réalisés pendant des décennies par leur auteur et, souvent, ces modèles ont été fabriqués sans changement ou modification majeurs depuis de nombreuses générations. C’est en étudiant les conditions d’acquisition du sifflet qu’il est parfois possible de préciser ces dates.
Les autres éléments de cette première zone regroupent les données physiques de l’objet telles que les dimensions (sachant qu’elles ont été prises dans le cadre du chantier du déménagement des collections afin de connaître l’encombrement de l’objet), le type de terre cuite et le type de l’instrument dans la classification organologique Hornbostel et Sachs.
La deuxième zone concerne l’historique de l’objet. Elle est le plus souvent limitée au mode d’entrée de l’objet dans les collections du musée : mode d’acquisition, collecteur ou donateur, et collections d’origine du MH, du MNATP ou du MuCEM. Les données supplémentaires qui ont pu être obtenues en étudiant les dossiers d’archives de ces collections sont soit reportées dans les commentaires de la notice, soit précisées dans le texte sur les collecteurs et donateurs.
La zone suivante donne une description du sifflet. L’objet est d’abord décrit comme instrument de musique en en précisant son fonctionnement : embouchure, fenêtre, résonateur, trous de jeu, etc. Il est ensuite détaillé en tant que représentation figurative. Enfin, quelques éléments techniques sont donnés sur son mode de fabrication. Les sifflets de la collection n’ont pas fait l’objet d’une étude du point de vue de la céramologie. Les données fournies ici résultent donc uniquement d’observations visuelles ne permettant pas de déterminer les compositions des argiles ou des glaçures utilisées. De même, l’utilisation d’engobe ou les compositions des peintures pourront seulement être confirmées par des analyses scientifiques qui n’ont pas été réalisées ici.
Dans le cas des sifflets déjà conditionnés pour leur transfert à Marseille, la description de la fiche d’inventaire originale a été conservée. En effet, le seul examen de la photographie qui accompagnait cette fiche ne permet pas d’en donner une description complète. D’éventuels éléments complémentaires ont été précisés quand des sifflets similaires ont été étudiés dans d’autres collections publiques ou privées. Une version future de ce catalogue permettrait de pallier ces insuffisances.
La zone de commentaire, outre les éléments indiqués ci-dessus, précise également l’utilisation éventuelle du sifflet quand elle est connue : fête religieuse, tradition associée, etc., ainsi que tous les renseignements complémentaires que les auteurs ont pu réunir.
Enfin, une zone d’index permettra au lecteur de rechercher dans la collection les sifflets du même type.
Les textes
Des articles contextuels viennent éclairer ces objets qui, comme on le disait plus haut, s’inscrivent avant tout dans une société traditionnelle. Ils attestent de savoir-faire techniques tant dans leur fabrication que dans leur décor qui révèle le style de telle ou telle région. Objets usuels, ils répondent aux besoins du groupe social, de manière pratique autant que symbolique. L’article « Le sifflet, usages et symboles », entre autres, rend compte de cet aspect et montre que les sifflets témoignent de représentations culturelles précises qui en font des objets porteurs de sens, et non purement ludiques, contrairement à l’usage qui leur est dévolu de nos jours.
Il s’agit donc d’une publication ethnologique autant que muséographique, et ce catalogue qui se veut exhaustif quant aux collections d’un musée donné est loin d’avoir épuisé le premier aspect, celui de la fonction sociale de ces objets sonores, que l’ethnologie a peu évoqué par ailleurs. Il est aussi novateur dans le sens où c’est, à notre connaissance, la première publication qui traite de manière développée de la typologie de cet instrument et de son acoustique, aspects essentiels en matière d’organologie, science des instruments de musique.
Outre ces articles d’introduction qui situent les sifflets dans leur institution muséale, dans leur contexte social et culturel, et sous leur aspect sonore, d’autres articles donnent, pour chaque pays, région ou centre potier d’origine, le contexte général qui permet au lecteur de situer les sifflets qu’il voit par rapport aux autres types de sifflets d’une même zone géographique. Sont ainsi présentés les centres potiers ayant produit des sifflets, l’historique de cette production et les usages locaux des sifflets. Le volume de chacun de ces textes est fonction de la bibliographie existante ou connue des auteurs.
Une des difficultés de cette recherche a été l’extrême dispersion des sources bibliographiques, souvent anciennes, n’ayant fait l’objet que d’une diffusion locale restreinte, et écrites dans toutes les langues de l’Europe. De longues citations sont souvent reprises dans ce catalogue afin d’en faciliter l’accès. Un article complet sur la fabrication des sifflets en Bulgarie a même été résumé et traduit avec l’accord de son auteur pour permettre à tous d’accéder à cette source.
Le choix a été fait, pour illustrer ces articles, de présenter des photographies de sifflets provenant de collections privées afin de permettre au lecteur de découvrir des objets non accessibles. Il pourra ensuite compléter cette exploration de la production européenne de sifflets en consultant les bases de données de nombreux musées, mises en ligne dans le cadre du projet européen Europeana, et également y découvrir les sifflets de pays non représentés dans la collection du MuCEM.
Pierre Catanès et Marie-Barbara Le Gonidec
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2014