Sifflet globulaire en forme d'oiseau

Autres dénominations (termes vernaculaires)
subiet, caille, turlot

1885.3.4

France > Pays de la Loire > Prévelles
(Région historique : Maine)
attribué à Eugène Lapoutoire (1844-1914)
fin du xixe siècle (vers 1885)

Terre vernissée
H. 5,7 ; L. 4,8 ; Pr. 9,1 cm. ; P. 52,5 g.

Classification Sachs - Hornbostel : 421.221.42


Historique

Acquisition : Don Paul Sébillot
Ancienne référence : 1885.3
Ancienne appartenance : musée des Arts et Traditions populaires


Description

L'objet représente un oiseau sur piédouche dont le corps creux forme le résonateur de la flûte. La queue de l'oiseau est percée dans son axe d'une fente servant de canal d'insufflation qui communique avec la fenêtre ouverte dans la paroi du corps sous la queue. Deux trous de jeu sont percés en haut de chaque côté de l'oiseau (à l'avant et au milieu).

L'objet est formé à partir d'une coupelle tournée et refermée. Une extrémité est étirée pour représenter la tête modelée de l'oiseau et l'autre extrémité se redresse légèrement pour évoquer la queue. Le piédouche est haut et à base tronconique étroite. La figurine est en terre blanche et brute, à l'exception de la tête de l'oiseau couverte d'une glaçure transparente jaune comportant de nombreuses inclusions brunes et de deux taches de glaçure sur le côté gauche.

Commentaire

Ce sifflet, le plus ancien de la collection du MuCEM, a été trouvé dans le Finistère. Ce n'est pas une pièce rare, car on trouve ces sifflets dans de nombreuses collections privées ou publiques, et beaucoup de familles en conservent dans leurs greniers. Il illustre bien les difficultés que peuvent rencontrer les chercheurs pour les attributions des sifflets. Dans les musées, ces sifflets sont en effet attribués à de nombreuses régions : nord de la France, Sud-Ouest, Bretagne... Un sifflet de Prévelles trouvé dans une collection réunie vers 1900 porte même l'inscription « Algérie ».

En réalité, le sifflet du MuCEM est caractéristique de la production de Prévelles dans la Sarthe. Eugène Lapoutoire, descendant d'une longue lignée de potiers spécialisés dans cette production de sifflets et ménageons, en fait commerce à la fin du xixe siècle dans une grande moitié nord de la France et même dans le Sud-Ouest. Ainsi, en 1897, plus de 30 000 pièces (soit 31 % de sa production) sont destinées à la Bretagne, ce qui explique le lieu de découverte. Ces sifflets étaient particulièrement prisés par les enfants lors des pardons.

Par chance, les livres de comptes de 1872 à 1896 d'E. Lapoutoire ont été conservés et permettent de connaître les lieux de vente de sa production. On peut constater que ce potier vendait par milliers ses jouets à des grossistes dans une large moitié ouest de la France. Son neveu, qui reprit l'atelier, réalisa des prospectus de vente et accrut encore leur diffusion en profitant de l'arrivée du chemin de fer à Prévelles.

Cette production spécialisée familiale est ancienne. Un Pierre Lapoutoire est déjà « marchand de petits sifflets » en 1833 et il est probable que les Lapoutoire vivaient de ce commerce depuis de nombreuses générations même s'ils sont seulement indiqués comme potiers dans les textes plus anciens. À la différence des autres familles de potiers du village, ils exercent dans le bourg. Le niveau social révélé par les inventaires après décès, le niveau d'instruction (ils savent parfaitement écrire et sont membres de la fabrique de la paroisse) et les alliances contractées lors des mariages indiquent que leur atelier est prospère. Si aucun écrit ne permet de savoir à qui est destinée leur production, certains sifflets trouvés lors des fouilles du Louvre, et datés du xviiie siècle, sont identiques aux productions plus récentes de Prévelles et viennent sans doute de ce village. On peut remonter treize générations de Lapoutoire à Prévelles depuis la fin du xvie siècle. Les modèles évoluent peu et il est impossible de dater ces sifflets hors contexte.

L'attribution de ces sifflets dans les collections dépend donc de la connaissance par le donateur ou par un spécialiste de cette production. Lors de l'exposition qui s'est tenue en 1963 au musée du Mans, ce sifflet a été présenté avec un sifflet semblable du musée de Rennes. La notice du catalogue précise pour ces sifflets que « par la forme, par la couleur de la terre, par la disposition et la teinte du vernis, ces deux derniers oiseaux présentent des analogies avec les oiseaux fabriqués à Prévelles par Barbé » (L. Barbé, neveu d'Eugène Lapoutoire, a continué cette production à Prévelles jusqu'en 1952).


Bibliographie

  • Raymond Blanc (préface), Deux potiers de Prévelles, cat. exp. Le Mans, musée du Mans, 1963, notice 29.
  • Expositions

  • Deux potiers de Prévelles, Le Mans, musée de Tessé, juillet-septembre 1963.


  • Index


    Ensemble associé


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    http://www.mucem-sifflets-terre-cuite.fr/notices/notice.php?id=1