Danemark

Deux sifflets de la collection du MuCEM ont été fabriqués au Danemark. Ils ont été acquis en 1975 pour le musée de l’Homme par Christiane Morisset-Andersen (DMH1975.44).

Bien que datant de la deuxième moitié du xxe siècle, ils témoignent de la production traditionnelle de la province du Jutland, à la diffusion importante dès la fin du Moyen Âge, dont attestent les exemplaires anciens des musées du Danemark ou de la Suède, ainsi que de nombreuses découvertes archéologiques en Europe du Nord.

Swallerhønen, Théodore Lind, Skørping, vers 1970. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Ill. 1 : Swallerhønen, Théodore Lind, Skørping, vers 1970.
Coll. particulière. © Pierre Catanès

Trois principaux types de sifflets étaient réalisés au Danemark1 : les piv-i-rov représentant des chevaux avec un sifflet tubulaire à la place de la queue, les swallerhønen, sifflets à eau en forme de poule (ill. 1), et les nattergalen, sifflets à eau en forme de hibou.

En 1724, Ludvig Holberg 2 citait déjà le « cheval avec son sifflet à la croupe » (« hest med fløjten i rumpen ») comme cadeau pour les enfants à Noël.

Une expression populaire évoque ces objets. À un enfant difficile qui ne sait pas ce qu’il veut, on dit : « Det er nok, du far en pibirovhest » (« Ça suffit, tu auras un sifflet cul de cheval »), c’est-à-dire un objet simple de peu de valeur.

Plusieurs potiers ont pris aujourd’hui la relève des anciennes familles qui fabriquaient ces jouets et les piv-i-rov sont toujours produits au Danemark. Plutôt que d’être offerts aux enfants, ils sont plus souvent destinés à être vendus dans les musées comme souvenirs ou objets de collection.

À côté de cette production traditionnelle, la manufacture royale de Copenhague a réalisé également de nombreux sifflets en forme d’oiseau en porcelaine dans les années 1970.

Jutland

Dans cette région, le centre le plus connu pour la production de sifflets au xxe siècle est Skørping. Auparavant, les sifflets étaient fabriqués à Hellum où Carl Lind avait transféré son activité depuis le village voisin d’Askildrup après que son atelier eut brûlé. On peut encore y voir la maison du potier.

Si les sifflets fabriqués par son fils Theodor Lind (1892-1988), dans les années 1970 sont le plus souvent simplement glaçurés avec un décor simple à l’engobe, les sifflets du début du xxe siècle présentaient de belles glaçures jaspées sur un engobe blanc.

Skørping

Cette ville est celle où Niels Peter Lind (mort en 1935), fils aîné de Carl Lind, potier et fermier au xixe siècle à Hellum, s’était installé vers 1900. Son frère Theodor Lind (1892-1988) le rejoignit en 1906 et reprit l’atelier à sa mort survenue en 1935. Theodor travailla avec la veuve de Niels Peter, puis arrêta l’activité trois ans après.

Theodor Lind ayant fabriqué à nouveau de nombreux sifflets à l’occasion d’une exposition au musée de Berlin en 1974, la majorité des sifflets traditionnels danois présentés dans les musées viennent de ce village.

1 Lone Munkgaard, Piv-i-røv. Hulrumsfløjter af ler, Copenhague, Ed. Nationalmuseet, 1985, p. 35-43.

2 Ludvig Holberg - Julestue (la salle de Noël).